Histoire1

Peur première

Un sourire longtemps retenu s'afficha, son coeur se mit à battre la chamade. Ses yeux pétillants se portèrent sur la silhouette qui approchait lentement. Puis elle mouilla ses lèvres. Mais soudainement son ravissant visage se

transforma, révélant une grande déception. Une femme restait dans l'ombre et semblait hésiter à avancer.

- Qui êtes-vous ? demanda Buffy, sortant un pieu d'on ne sait où, prête à l'utiliser contre l'intruse. J'ai horreur des mauvaises surprises !

Son air menaçant ne sembla pas déranger la nouvelle venue qui en profita pour montrer son vrai visage : un visage plutôt joli, songea Buffy dans les premières secondes, qui se transforma rapidement en un visage monstrueux,

celui d'une vampire !

L'adolescente commença à avancer à son tour pour lutter contre elle mais l'autre l'en empêcha d'un geste de la main, comme effrayée.

- Non, non, Buffy, s'il te plaît, je ne veux pas me battre avec toi, s'écria-t-elle. Je m'appelle Yolnéa. Crois-moi, je veux être ton amie.

- Je ne suis pas amie avec les vampires ! déclara Buffy, sure d'elle.

- Que fais-tu d'Angelus ? l'interrogea-t-elle, le sourire en coin.

- Ce n'est pas la même chose, répondit-elle en fronçant les sourcils, un peu désarçonnée.

- Tu as raison, les hommes sont différents, mais nous nous sommes plus en mesure de nous comprendre...

- Que veux-tu dire ? lui cria-t-elle, l'air suspicieux.

- Je suis ta peur, Buffy. Alors combat-la !

La tueuse n'attendait que cela. Buffy lui décocha une droite aussitôt et, pivotant légèrement avec une extrême souplesse, elle étira sa jambe pour faire voltiger Yolnéa jusqu'au milieu de la rue. Un camion arrivait mais ne semblait pas vouloir s'arrêter. La vampire se releva à temps et attendit que le camion continue sa route devant elle. Elle observa Buffy en souriant puis lui cria :

- On se reverra, tueuse ! Nous sommes fait pour nous entendre, tu verras !

Elle s'enfuit sans attendre en direction du cimetière. Lasse, Buffy décida qu'il était temps de se coucher. Toute la nuit, l'inquiétante inconnue entremêla tant ses rêves que ses cauchemars, comme si Buffy commençait à douterd'une réelle menace.

Le réveil avait été dur, mais était-ce si différent de d'habitude ? Elle avait du courir au lycée pour ne pas rater son premier cours. Une fois la sonnerie marquant la fin de son dernier cours retentie, elle courut dans le couloir et attendit patiemment. Son petit ami dernier en date arriva enfin. Il s'appelait Curt et rêvait de devenir acteur. Elle le connaissait depuis son arrivée à Sunnydale mais elle ne l'avait réellement remarqué que depuis quelques semaines. Ou plutôt était-ce lui qui l'avait remarquée, abordée puis courtisée tel un vrai gentleman et enfin séduite. Plus frétillant qu'Angel, il était également plus pressé, trop pressé même, mais Buffy se devait de leremettre à sa place. Pour le moment.
- Salut, toi, fit-il en l'embrassant sur les lèvres.
- Je t'ai attendu, hier soir, mais tu m'as oubliée, je crois.
- Ah désolé, j'étais très en retard, effectivement. Lorsque je suis arrivé, tu n'étais plus là. Tu en as tué beaucoup ?
Son destin de tueuse de vampire semblait maintenant si naturel à ses proches, qu'elle en était presque surprise, tout particulièrement avec Curt qui connaissait son secret depuis peu de temps et qui prenait la chose plutôt bien. Elle se sentait plus à l'aise qu'il soit dans la confidence, tout devenait alors plus simple.
- Aucun, mauvaise soirée. J'ai par contre fait une étrange rencontre. Tu viens, j'aimerai en parler à Giles, si tu
veux bien.
Le jeune couple trouva le spectacle plutôt comique. Voir un bibliothécaire comme Giles chercher un livre, s'arrachant les cheveux, tournant en rond en espérant trouver plus rapidement ce qu'il recherchait, valait le détour.
- On vous dérange, Giles ? lança Curt d'un air amusé. On peut revenir plus tard si vous voulez.
Giles se retourna soudainement, réalisant finalement leur présence, puis émit un léger sourire, en bredouillant un semblant d'explication sur sa quête du moment que personne ne pouvait comprendre à part lui.
- J'ai besoin d'un petit renseignement, Giles, avoua Buffy. A propos d'une certaine Yolnéa.
- Qui donc ? interrogea soucieusement le mentor. Yolnéa, dis-tu ? Une élève ? Ce prénom ne me dit rien, mais...
- Une vampire, précisa Buffy.
- Ah, je vois. Je vais voir ce que je peux faire. Que sais-tu d'elle sinon ?
- Rien, juste qu'elle s'appelle Yolnéa et que c'est une vampire. Mais c'est assez curieux. Elle tentait de faire amie amie. D'ailleurs, elle ne tenait visiblement pas à ce qu'on se batte.
- C'est parce qu'elle connaît ta réputation, ma chérie, plaisanta Curt.
- Oui, ou bien elle nous cache quelque chose. Si c'est le cas, j'aimerai bien savoir ce qu'elle complote.
- Je vais me renseigner, promit Giles. Bon, n'oublies pas ta séance d'entraînement, ce soir !
- Impossible, ce soir, je suis déjà prise.
Giles jeta un oeil du côté de Curt, l'air fâché.
- Eh, ne me regardez pas comme ça ! s'indigna l'autre. Je n'y suis pour rien ! J'ai un cours de théâtre, ce soir, de
toute façon.
- Je serai chez Willow, alors en cas... d'imprévu, suffit de me passer un coup de fil. N'oubliez pas que cette nuit, c'est la pleine lune, expliqua Buffy. Et que, dans ces moments-là, elle nous fait une insomnie, s'inquiétant pour son chéri. Elle a besoin que je la soutienne.
- Je comprends, ce n'est pas grave, ces jours-ci, ils ne sortent pas beaucoup. Je ferai quand même un tour car, les nuits de pleine lune, il faut d'attendre à tout de leur part, mais...
- C'est normal, lâcha Curt. Il faut bien qu'elles se reposent, ces pauvres chauves-souris...
Grâce à la lune, la nuit paraissait étrangement claire et on se serait crû en pleine journée. Cordélia reboutonnait son bustier, tandis qu'Alex ouvrait la vitre de leur voiture, quand un cri vibra à proximité, balayant la tranquillitéde la clairière.
- Bon dieu, qu'est-ce qu'il se passe ? s'étrangla Alex.
- Tu crois que c'est encore un loup-garou ? s'inquiéta Cordélia. J'ai une impression de déjà-vu.
- En tout cas, ce n'est pas Oz, Willow m'a assuré qu'elle l'avait attachée elle-même ! Sinon pourquoi serais-je venu ici ce soir ? Non, c'est sûrement une nana qui se fait agresser par un malade.
- Guère rassurant.
Cordélia démarra la voiture, recula et roula quelques mètres. Le cri se fit entendre une seconde fois - ils étaient tout prêt. Elle s'arrêta un peu plus loin puis demanda :
- Bon que fait-on ?
- Le temps d'aller prévenir la police, il sera trop tard. Reste dans la voiture et ferme toutes les vitres. Je vais voir
ce qu'il se passe.
- Attend, fit-elle en fouillant dans son sac.
Elle brandit un pieu.
- Je suis prévoyante, moi !
- C'est pour ça que je t'aime ! déclara Alex en prenant le pieu avant de refermer la portière.
- Soit prudent, lui cria-t-elle derrière la vitre, le regardant s'éloigner.
Juste quelques mètres devant elle, Cordélia aperçut une jeune femme, la vingtaine, qui pleurait et qui marchait dans sa direction. Ses vêtements étaient déchirés par endroit. Cordélia sortit aussitôt de sa voiture.
- Que faites-vous ici toute seule ? l'interrogea-t-elle.
- Un homme nous a attaqués, moi et mon copain, je crois qu'il est mort. J'ai réussi à m'enfuir mais cet homme m'a poursuivie pendant un moment. Je crois que je l'ai semé mais il doit encore roder dans les environs.
- Grand dieu, venez avec moi. Nous allons en parler à la police. Je vais vous y accompagner, il faut juste que...
La jeune femme lui donna un grand coup sur le crâne. Cordélia tomba sur le siège du conducteur de sa voiture et perdit connaissance durant quelques instants.
- Douce enfant, fit l'autre en lui caressant les cheveux. Tu es parfaite. Nous allons passer de grands momentsensemble.
Elle termina de se déchirer ses propres vêtements puis tapota sur les joues de Cordélia pour qu'elle revienne à elle.
Celle-ci ouvrit les yeux, se réinstalla dans le siège puis parut affolée.
- C'est fini, on ne risque plus rien, maintenant.
- Mais que s'est-il passé ?
- L'homme qui m'a poursuivi a eu ce qu'il voulait. Il a surgi juste de derrière ta voiture et t'a assommée. Ensuite, il m'a...
Elle se mit à pleurer et posa sa tête sur l'épaule de Cordélia.
- Je suis désolée, lui dit Cordélia en tentant de la consoler, comprenant ce que l'homme lui avait fait subir. J'aurais voulu t'aider.
- Ne me laisse pas seule. Ca m'aidera déjà beaucoup.
- Qui est-ce ? demanda Alex, qui venait d'arriver.
Cordélia regarda la jeune femme, attendant une réponse.
- Je m'appelle Yolnéa, répondit-elle en reculant.
- Un homme nous a attaqués. C'est elle que nous avons dû entendre crier tout à l'heure.
- Cordélia, tu n'as rien ? l'interrogea Alex, l'air inquiet, en la prenant contre elle.
- Non, moi ça va, juste un peu sonnée, par contre pour Yolnéa c'est une autre affaire. Nous devrions aller à la police.
- Je préférerais dormir chez toi, protesta presque Yolnéa.
- Et ton copain, tu ne veux pas savoir s'il est toujours en vie ?
- Il est mort, je te dis, pleura-t-elle. On ne peut plus rien pour lui.
Cordélia déposa Alex chez lui, puis rentra chez elle avec Yolnéa. Elle avait cessé de pleurer et semblait apaisée.
Cordélia l'invita à venir dans sa chambre.
- Tu devrais aller à l'hôpital, lui conseilla Cordélia en l'invitant à s'asseoir sur le bord du lit à côté d'elle. Ou au moins consulter un médecin dès demain. Tu veux un verre d'eau ou d'autre chose ?
- Un verre d'eau m'ira très bien. Je peux dormir avec toi, ce soir ?
- Bien sur, pas de problème, sourit Cordélia en se rendant à la cuisine. Surtout, fait comme chez toi ! Prend tes aises...
Lorsque Cordélia revint dans sa chambre, deux verres d'eau à la main, elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri de surprise.
- Assurément, tu as pris tes aises..., fit-elle remarquer, ne sachant trop quoi penser.
- Ne m'en veux pas, fit Yolnéa, étendue dans le lit, en ramenant la couverture sur elle. J'ai l'habitude de dormir nue.
Cela ne te choque pas, au moins ?
- Non, que vas-tu imaginer ? grimaça Cordélia en lui tendant un des verres d'eau. (Si Alex me voyait,songea-t-elle)
Quelques heures plus tard, Cordélia jeta un coup d'oeil sur son réveil et sursauta.
- Deux heures du matin, remarqua-t-elle. Je vais être fraîche demain matin. Et cette fille, elle est si bizarre... Ah si seulement Alex était là. Enfin, non, il serait bien trop content d'être couché avec deux filles, qui plus est si l'une est toute nue...
- Tu ne dors pas ? lui demanda soudainement son invitée qui, visiblement, avait tout autant de mal à s'endormir.
- Non, avoua-t-elle. Et toi, sinon, tu tiens le coup ?
- Ca peut aller, mais je crois que j'ai besoin de réconfort.
Yolnéa se colla contre Cordélia et l'embrassa sur une joue. Mais les lèvres de la première descendirent jusqu'à effleurer celles de la seconde et Cordélia se sentit freinée dans le moindre de ses gestes, comme si c'était la première fois qu'elle rencontrait cette émotion.
- Que cherches-tu ? réussit-elle à demander à Yolnéa.
- J'ai besoin d'une âme aimante. Que l'on m'aime enfin. Pas seulement pour mon corps.
- Je ne crois pas être la bonne personne, protesta Cordélia qui se retourna sans un mot de plus.
Yolnéa se mit à sourire puis attendit d'entendre une respiration régulière pour s'éclipser de sa demeure avant le levé du jour.
Willow et Oz arrivaient vers leurs amis, quand ceux-ci se retournèrent vers eux et stoppèrent leur conversation animée.
- Comment s'est passée cette nuit, Oz ? lui demanda Buffy.
- Ca pouvait aller, j'étais toujours attaché quand j'ai ouvert les yeux ce matin. C'est drôle, j'avais très faim en me réveillant.
- Un loup-garou doit probablement garder son envie de dévorer pendant quelques heures après son... réveil, intervint Giles en guise d'explication. Cette sensation de faim ne devrait pas tarder à disparaître.
- Sûrement, dit Willow. Alors, de quoi parliez-vous ? Vous avez l'air très inquiets.
- Yolnéa, une drôle de vampire vient de faire son apparition en ville, raconta Giles. Et ce qui m'inquiète c'est que je n'ai toujours rien trouvé la concernant dans mes livres.
- Elle a tenté de devenir mon amie, lui confia Buffy.
- Je ne trouve pas cela si terrible, Buffy, trouva Willow.
- Elle a aussi tenté de me séduire ! lui révéla Cordélia. C'est une dingue cette fille !
- Ah oui... Ah oui ? fit Willow, étonnée, bouche entrouverte.
- Elle est prête à n'importe quel stratagème pour s'immiscer dans nos vies, je crois, fit Giles. Mieux vaut être prudent. Faire croire à Cordélia et à Alex qu'elle s'était fait violenter n'était qu'une simple ruse, mais qui peut direce qu'elle nous cache. C'est pour cela, Willow, surtout si elle ne s'attaque qu'aux jeunes filles de votre âge, que tu dois tout particulièrement faire attention à cette...
- Nymphomane, termina Alex.
- Oui, c'est sans doute cela, reconnut Giles. Donc je vous conseillerai de vous déplacer toujours au moins par deux.
- A propos, où est ma moitié ? interrogea Buffy. Quelqu'un a vu Curt, aujourd'hui ?
- Il est sans doute en train de rêver à son prochain rôle de gentilhomme en collant, dit Alex. Et c'est ce genre de mec qui te fait rêver, Buffy, je suis vraiment déçu !
- Tais-toi Alex, lui dit Cordélia.
- Oui, tais-toi, répéta Buffy, en fronçant les sourcils. Il lui est peut-être arrivé quelque chose. J'espère que cette Yolnéa n'a pas touché à un seul de ses cheveux, sinon je ne réponds plus de rien !
- Dites, je pense à quelque chose, intervint Cordélia, l'air gêné. J'ai invité cette fille chez moi. Elle ne risque pas d'être tentée de revenir ?
- Elle a raison, dit Alex. Cette Yolnéa peut revenir, et elle sera peut-être moins gentille que la nuit dernière !
Giles, il faut trouver quelque chose.
- Eh bien Willow, cette vampire n'est jamais venue chez toi, ta demeure ne risque donc pas grand chose de sa part. Tu connais le rituel pour l'empêcher de revenir chez Cordélia, tu devrais donc passer ta soirée chez elle.
- Ah mais oui bien sûr, cela reste dans mes cordes ! C'est relativement simple en plus ! se souvint Willow.
Cordélia sembla approuver l'idée en balançant la tête de haut en bas, perdue dans ses pensées.
- Bien, fit Giles, satisfait. Alex et Oz pourront vous aider, si nécessaire. Buffy, je te propose de chercher Curt, si jamais il ne reparaît pas d'ici ce soir. En attendant, je vais continuer mes recherches sur Yolnéa.
La nuit était des plus silencieuses. La ville s'était endormie et rien ne laissait augurer le moindre danger. Et Curt arriva.
- Buffy, cria-t-il en la voyant fouiner autour de sa propre maison. Tu me cherchais ?
- Mon dieu, Curt, dit-elle en allant à sa rencontre. Où étais-tu passé ? Nous nous inquiétions pour toi.
- Comme tu peux le voir, je vais bien, lui dit-il en souriant. Je ne suis pas venu en cours aujourd'hui parce que je ne me sentais pas très bien. J'ai dû prendre froid et...
- Voilà ce que c'est de me suivre lors de mes sorties nocturnes anti-vampires, plaisanta Buffy. La prochaine fois, n'oublie pas ton écharpe !
- Je n'oublierais pas, Buffy, c'est promis, lui assura Curt en la prenant contre elle.
Il l'embrassa dans le cou. Sentant ses dents toucher son cou, Buffy prit peur puis repoussa Curt.
- Qu'essaies-tu de faire ? s'exclama Buffy, affolée.
Le visage de Curt changea et révéla une nature cachée, celle d'un type de démon bien connu. Le nouveau Curt éclata de rire et Buffy montra son pieu.
- Désolée, mais je vais devoir m'en servir, cria-t-elle en levant son pieu vers lui.
- Essaie toujours, chérie, prononça Curt en sautant sur elle.
Elle tomba en arrière et lâcha son arme. Plutôt que de tenter de le récupérer, elle leva une jambe et la plia pour faire remonter brutalement son genou jusqu'au menton du vampire fraîchement né des Enfers. Curt tomba sur le côté mais se releva aussitôt. Buffy tira le bras pour récupérer son pieu mais le pied de Curt l'en empêcha et ses bras musclés ramenèrent en croix ceux de Buffy. Elle était prise au piège.
- Je crois que j'aurais bientôt une médaille pour avoir pu supprimer la tueuse en personne, eh eh ! dit-il suivi d'un rire énorme.
Elle tentait de remuer mais Curt tenait bon. Son poids empêchait Buffy de bouger le moindre membre. Il était trop fort pour elle.
- Besoin d'aide, ma tueuse préférée ? demanda au loin une voix féminine.
- Yolnéa ? devina Buffy en essayant de tourner la tête vers elle pour vérifier sa présence.
Curt leva également la tête et reçut un coup de pied en pleine figure. Il lâcha immédiatement l'adolescente. Yolnéa lui donna un second coup de pied et, le prenant par les épaules, le jeta contre le mur d'une maison, tête la première. L'autre sembla perdre connaissance.
- Merci, dut lui dire Buffy en ramassant son pieu. Je dois bien reconnaître que je me suis trompée à ton sujet. Mais je crois qu'on n'a rien à se dire de plus. Restons-en là.
- De quoi parles-tu donc ? lui demanda Yolnéa.
- Je sais ce que tu cherches. Tu as déjà tenté de séduire Cordélia, et je te soupçonne d'essayer de faire la même chose avec moi. Hors, cela ne m'intéresse pas.
- Ah, cette chère Cordélia. Non, ce n'était pas la bonne personne. Manque de chaleur humaine... Mais toi c'est différent. Je l'ai vu dans tes yeux, Buffy. Tu devrais surpasser ta peur.
- Ma peur ? Je n'ai pas peur de toi !
- N'as-tu pas peur de ce que je ressens pour toi ? Accepte-le aussi et tout ne sera qu'osmose.
- Je crois que tu te fais ton petit délire toute seule. Encore merci, mais mes amis m'attendent, dit-elle en commençant à partir.
- Ne t'en vas pas si vite ! lui dit Yolnéa en courant la rejoindre.
Buffy soupira et Yolnéa lui caressa sa chevelure blonde.
- Tu le sais que tu n'as rien à craindre de moi. Je ne cherche pas à te faire de mal. Ecoutes-moi quelques instants.
- Bien, très bien, mais on continue à marcher, finit par accepter Buffy. Je t'écoute.
- Songe à ce pauvre Angelus, à votre relation qui a mal tourné. Toute bonne volonté n'aurait servi à rien, le destin en a voulu autrement et finalement il n'était pas fait pour toi. Franchement, n'as-tu jamais eu une relation satisfaisante avec un garçon ? Et pourquoi selon toi ? N'est-ce pas là encore un signe du destin ? Nous devions nous rencontrer, Buffy. C'était écrit.
La tueuse eut une pensée pour Curt, se demandant comment elle allait annoncer la terrible nouvelle aux autres, et
surtout comment allait-elle vivre dans les jours à venir ?
- Je n'ai pas peur de tenter d'aimer à nouveau. Ma mission de tueuse n'est pas sans repos, difficile de vivre comme
ceux de mon âge, j'ai fini par l'accepter.
- Je ne faisais pas allusion à cette peur-là, Buffy. Je parlais de ta peur première, celle qui se trouve au fond de toi et que tu ne veux pas accepter. Tu as beau être très courageuse, très forte aussi, tant que tu n'auras pas pris labonne décision une fois pour toute, tu seras malheureuse.
- Et plus clairement, tu veux dire quoi ?
- Je te parle d'amour, Buffy, de sentiments profonds que seuls les vampires savent reconnaître avec une aisance que les humains ignorent. N'as-tu jamais eu peur de devenir l'une des nôtres ?
Buffy tourna soudainement la tête vers Yolnéa et s'arrêta de marcher, troublée par ce que la vampire venait de révéler sur elle-même. Combien de fois avait-elle fait de cauchemars sur les vampires ? Ses craintes de se transformer en vampire étaient souvent la plus forte, bien plus que de se faire tuer par ses ennemis.
- Tu ne dois pas avoir peur de découvrir une autre partie de toi-même. La sincérité que je t'offre de révéler ne peut te faire que du bien.
Ebranlée, Buffy laissa Yolnéa jouer avec ses cheveux. Cette dernière se plaça devant elle et sembla sur le point de déposer un baiser sur son épaule. Elle parût se retenir, comme pour éviter de l'effrayer, puis aida le visage de Buffy à s'approcher de son propre cou. Les lèvres de Buffy commencèrent à effleurer la peau légèrement glacée deYolnéa et sa sincérité se dévoila peu à peu, sortant de temps en temps sa langue pour lui lécher tout ce que Yolnéa ne pouvait ou ne voulait pas dissimuler sous ses vêtements. La sensation l'emporta si violemment qu'elle finit par
pleurer. Et Yolnéa n'en parut que plus ravie.
Giles devait être à la bibliothèque, le nez plongé dans ses vieux manuscrits. Oz arrivait juste en même temps
qu'elle, tandis que Cordélia, Alex et Willow parlaient entre eux.
- Alors ? demanda Willow à Buffy lorsqu'elle la vit arriver. Tu as retrouvé Curt ? Nous n'avons vu aucune trace de
Yolnéa sinon.
- Je sais, se contenta de répondre Buffy, l'air mal réveillé.
- Tu veux dire quoi ? Tu t'es battue avec Yolnéa ?
- Non, elle est toujours en vie. Curt, c'est une autre affaire.
- Il s'est fait..., commença Cordélia.
- Vampirisé, termina Buffy. J'ignore ce qui s'est réellement passé mais il a failli m'attaquer. Mais je n'ai pas pu le tuer.
- Ca y est, ça recommence ! s'exclama Alex.
- Quoi donc ? s'inquiéta Willow.
- Buffy, à chaque fois tu tombes dans le panneau ! expliqua-t-il. C'était pareil avec Angel et maintenant tu nous refais le même coup avec Curt. Désolé pour lui, mais quand comprendras-tu qu'une fois que le démon est en eux, tu ne peux plus rien y faire ?
- Tu oublies la boule de Thésulah, rappela Willow. On pourrait essayer avec Curt. Je suis presque une expertemaintenant.
- Pourquoi pas ? prononça-t-elle doucement. Je crois qu'il faut tenter le coup.
- Buffy, tu n'as pas l'air en forme, lui dit Willow. Tu te sens bien ?
- C'est vrai, tu as une mine affreuse ! renchérit Cordélia.
- Je vais bien, rassurez-vous, leur assura la tueuse, mais je crois que je manque de sommeil.
- Et ce qui est arrivé à ce pauvre Curt, c'est dur de supporter le choc, fit constater Willow. Tu devrais rentrer chez toi, Buffy.
- Non, je te dis que ça va, dit-elle en souriant. Ne t'inquiète pas comme ça, mère Willow.
En fin de journée, Buffy emmena Willow dans les toilettes.
- Je dois te parler, Willow. Il m'arrive quelque chose que je n'arrive pas à contrôler.
- Vas-y, je t'écoute, lui dit-elle, un peu anxieuse.
- C'est Yolnéa, je l'ai vue cette nuit. En fait, nous nous sommes embrassées.
- Embrassées ? Sur la bouche ? s'exclama Willow en ouvrant de grands yeux. Tu as embrassé une vampire !
- Tu devrais parler plus fort, qu'on t'entende jusque dans le couloir. Oui, je l'ai embrassée et je peux t'assurer qu'elle est sincère. Elle n'est pas méchante. C'est juste que c'est... une vampire.
- Buffy, ce n'est pas Angel, c'est une fille !
- Oui, ça je sais, c'est bien pour cela que je t'en parle à toi seule, et n'en parle à personne d'autre, compris ? Pas même à Oz, ok ?
- Promis, mais...
- Tu es la seule à pouvoir me comprendre, alors je te fais confiance ! Je te promets d'être prudente. Mais, tu comprends, je devais en parler. Tu comprends, n'est-ce pas ?
- Oui, enfin oui je crois, bredouilla Willow. Mais, une vampire, quand même...
- Merci pour ton soutien, Willow ! Sortons, sinon cela va devenir suspect.
Yolnéa attendait assise sur la balançoire du parc, comme prévu. L'obscurité faisait ressortir ses yeux clairs et sa peau blanchâtre. Buffy approcha et laissa l'autre lui prendre la main que la vampire baisa plusieurs fois.
- Je suis contente que tu sois enfin venue, lui dit Yolnéa. Je commençais un peu à m'ennuyer toute seule.
- Eh bien, me voici, dit Buffy, ne sachant trop quoi ajouter de plus.
Elle prit elle-même les devants et, un peu timidement, l'embrassa sur la bouche. Leurs lèvres d'une gourmandise croissante se frottèrent, se mêlèrent jusqu'à permettre à leurs âmes de s'entremêler, elles-mêmes se perdant dans leurs pensées les plus intimes.
- Suis-moi dans mon repaire, lui proposa enfin Yolnéa.
Buffy se laissa faire, incapable de penser à autre chose qu'à communier avec la douce Yolnéa. Prête à n'importe quoi.
Willow entrouvrit la porte et vit Giles et Cordélia concentrer sur leurs livres respectifs. Alex ne semblait pas être dans les parages.
- Où est Alex ? leur demanda-t-elle.
- Il est parti me chercher un café au distributeur, répondit Cordélia.
- Oh, Willow, as-tu vu Buffy ? l'interrogea Giles. Elle devait venir s'entraîner. Je commence à m'inquiéter. Elle n'est pas chez elle.
- Ah oui, c'est bizarre ça, dit Willow en s'asseyant près de Cordélia. Mais vous savez, elle n'est plus très bien depuis la disparition de Curt. Je crois qu'elle s'en veut un peu aussi.
- C'est très triste pour ce garçon. Nous aurions dû être plus prudents, mais comment savoir ce qui allait arriver.
- Oz n'est pas avec toi ? demanda soudain Cordélia à Willow.
- Non, il est avec son groupe. Une répét' de dernière minute ! Qu'es-tu en train de lire ?
- Oh, un livre sans intérêt. C'est drôle, cela dit, ils parlent d'un vampire possédant deux âmes démoniaques, l'une femelle, l'autre mâle, qui doit régulièrement laisser le contrôle à l'une et à l'autre de ses deux âmes, pour ne pasles voir se combattre et finir par s'annihiler. Mais la créature s'appelle Yénola, non Yolnéa.
Giles leva la tête et regarda Willow. Elle le regarda à son tour et ils semblèrent se comprendre avec ce simple regard.
- Cordélia, tu viens de mettre le doigt dessus ! s'excita Willow.
- Comment ça ? interrogea Cordélia. Je n'ai mis le doigt nulle part, enfin !
- Yénola, c'est l'anagramme de Yolnéa, déclara Giles d'un air grave. Je peux me tromper mais je crois comprendre ce que recherche cette vampire.
- Oui, Giles, expliquez-nous ! demanda Willow.
- Eh bien, son attitude envers Cordélia l'autre nuit suggère que l'âme femelle de Yolnéa, ou de Yénola, comme vous voulez, ait éprouvé le besoin ces derniers temps de séduire une femme plutôt qu'un homme, pour pouvoir laisser l'âme mâle prendre sa place, une manière de l'attirer d'une certaine façon. Plus tard, l'âme mâle vivra sa vie pour à son tour séduire quelqu'un de même sexe et permettre à l'âme femelle de revenir. C'est un double cycle perpétuel, l'unique moyen qu'a trouvé la nature pour permettre à deux âmes opposées de vivre dans le même corps.
Sur un certain plan, c'est passionnant. Mais c'est aussi dangereux.
- C'est un peu comme ce qui s'est passé ente Angel et Buffy, lorsqu'ils ont..., devina Cordélia. Enfin, vous voyez
ce que je veux dire.
- Dangereux, Giles ? s'inquiéta Willow. En quoi est-ce dangereux ?
- Je crois que tu as saisi l'essentiel, Cordélia, expliqua Giles. Malheureusement, selon moi, il est possible que cela soit plus dangereux. Le changement sera peut-être plus rapide, plus instantané car plus habituel. Et la femme qui permettra à Yolnéa de changer d'âme aura peut-être affaire à une âme mâle très violente !
- Oh mon dieu, lança Willow, soudainement inquiète pour Buffy. Et si Buffy était en danger ? Oh mon dieu !
- Tu as besoin d'être aussi hystérique ? s'inquiéta Cordélia. Buffy sait se défendre, non ? C'est la tueuse !
- Qu'as-tu ? lui demanda Giles ne plissant les yeux. Tu sais quelques chose que nous ignorons ?
- Eh bien, oui on peut voir ça comme ça. En fait, Buffy est... Enfin, elle et Yolnéa devaient se voir au parc, ce soir. Je crois que cette vampire a tenté de la séduire et qu'elle y a réussi.
- Décidément, elle mange à tous les râteliers, cette vampire ! s'exclama Cordélia.
- Je crois qu'il va falloir agir vite. Peut-être qu'une nuit peut suffire à faire revenir sa seconde âme. Allons vite chercher Buffy. Willow, tu viens avec moi au parc, Cordélia, tu expliqueras tout à Alex. Ensuite, faites le tour de la ville pour la retrouver. Si nous la manquons, vous aurez peut-être plus de chance.
Quelques minutes plus tard, Alex arriva et ne vit plus que Cordélia qui l'attendait.
- Ben, où est Giles ? lui demanda-t-il en lui donnant son verre de café.
- Pas le temps de le boire, Alex ! Mais où étais-tu ?
- Eh bien j'ai d'abord fait un petit détour vers les toilettes. Et ensuite je suis allé te chercher ton café !
- Pose donc ce café, Alex ! Buffy est peut-être en danger ! Elle est avec Yolnéa. Viens, je t'expliquerai en route.
On prend ma voiture.
Yolnéa ouvrit la porte qui menait directement à une chambre. Buffy regarda l'intérieur rapidement puis sourit à la vampire. L'autre referma la porte derrière elle.
- Pas très spacieux, comme tu peux t'en rendre compte, mais cela a son charme, non ?
- Ca me va très bien, dit Buffy en ôtant son blouson qu'elle posa sur une chaise.
- Tu veux boire quelque chose ? lui proposa Yolnéa. Rassures-toi, j'ai autre chose que du sang à t'offrir. Un verre de limonade, ca t'ira ?
- Parfait, je ne suis attirée ni par le sang ni par tout ce qui est alcoolisé, de toute façon.
Yolnéa lui fit signe de s'asseoir sur le bord de son lit puis remplit deux verres de limonade. Buffy en profita pour observer les meubles anciens de la chambre.
- Ils doivent avoir une grande valeur, tes meubles, non ? Ils ont l'air très ancien.
- Je l'ignore, je les ai volés, répondit Yolnéa.
- Je vois, dit l'autre un peu gênée.
Buffy commença à siroter son verre, admirant le visage bien dessiné de Yolnéa. Lorsqu'elle l'eut vidé, elle le posa à sa nouvelle amie qui se chargea de poser leurs verres sur la vieille commode. Comme par habitude, Yolnéa commença à glisser ses doigts dans la blondeur de Buffy, incapable de résister à une telle intention. L'ado posa ses mains sur les épaules de Yolnéa puis s'allongea sur elle, l'aidant à s'allonger en même temps sur le lit, tout enl'embrassant fougueusement. Quelques instants leur suffirent pour se dévêtir l'une et l'autre. Puis Buffy sentit une
douleur à l'estomac, ses yeux pleurèrent puis elle perdit connaissance. Tout devint noir.
Cordélia freina de justesse devant le Bronze. La musique criait toute la fureur des jeunes qui la vivaient pleinement à cet instant. Excessivement. Comme à cet âge-là on pouvait parfois subir les choses de la vie, des plus fondamentales aux plus dérisoires.
- Tu veux qu'on est un accident ou quoi ? s'exclama Alex.
- Ecoute, si tu n'es pas content, prends un taxi ! s'écria Cordélia.
- Ouais, bien sûr, comme si j'avais le choix, bon je reviens.
Cordélia s'impatientait quand Alex revint au bout d'un petit quart d'heure.
- On t'a offert combien de verres ? lui demanda Cordélia, l'air furieuse.
- Eh, on se calme, d'accord ! J'ai réussi à savoir ce que je voulais. Buffy n'est pas venue au Bronze. Mais surtout je sais où vit cette Yolnéa. Avec un peu de chance, on y trouvera Buffy. Vas-y, roule, cocotte !
La musique s'éloigna et la rue devint plus calme. Trop calme.
- Qui est là ? demanda Yolnéa.
- Un ami de Buffy, on la cherche. Tu peux nous ouvrir, s'il te plaît ?
L'autre s'exécuta et fut surprise de reconnaître Alex et Cordélia.
- Comme on se retrouve, chère Yolnéa ! lui dit Cordélia.
Alex poussa Yolnéa et aperçut Buffy sous les draps, l'air endormi.
- Buffy ! cria-t-il en allant vers elle.
Yolnéa l'arrêta dans son élan en le retenant par le bras.
- Oh ! Tu ne comptes pas réveiller mon amie Buffy, tout de même ? Je risquerais de me mettre en colère.
- Ouais, c'est ça, met-toi donc en colère ! lui lança Alex. Que Buffy voit enfin ton vrai visage !
La tueuse commençait à peine à émerger. Elle se mit à geindre puis sembla rapidement se rendormir.
- Bon, cette fois, c'est bon, répliqua Yolnéa. Nous avons droit à un peu d'intimité. Alors, quittez ma chambre sur le champ. Comme vous pouvez le voir, elle se porte très bien, non ?
- On se reverra ! menaça du doigt Alex en se retournant. Viens, Cordélia.
Ils s'éloignèrent sans attendre. Yolnéa attendit au-dessus des marches de l'escalier pour les voir, depuis son étage, quitter l'immeuble, puis rentra chez elle et ferma la porte à clé. Elle se mit à rire puis se rendit immédiatementvers Buffy. Elle jeta la couverture par-dessus le lit et redécouvrit la nudité de l'adolescente perdue dans ses rêves.
Elle la retourna sur le dos puis déclara :
- Ah, enfin ! Je vais pouvoir m'occuper de toi. Notre union va bientôt pouvoir exister ! Pour l'éternité. Enfin, jusqu'à ce que ton corps ne retourne à la poussière. Dommage mais c'est ainsi.
Elle ralluma hâtivement les cierges noirs qu'elle s'était empressée d'éteindre quand Alex et Cordélia étaient venus à l'improviste. Elle se mordit l'extrémité du pouce puis fit couler quelques larmes de sang sur la croupe de Buffy.
Elle piqua dans la chair de Buffy une aiguille au centre de la tâche rouge. L'adolescente sembla réagir à la douleur mais le poison, ingurgité avec la limonade, était le plus fort. L'étrange Yolnéa s'agenouilla devant elle, puis semit à débiter des incantations d'un obscur dialecte. Le rituel avait commencé.
Giles afficha un demi sourire et fit signe à Willow de le suivre.
- J'étais certain que Curt allait revenir du côté de son ancienne demeure. Les vampires gardent leurs souvenirs d'avant. Ils ont du mal à s'en détacher, surtout au début.
- Giles, à défaut d'avoir pu trouver Yolnéa, que pensez-vous tirer de Curt ? lui demanda Willow.
- Avec un peu de chance, il saura peut-être où se trouve Yolnéa. Enfin, nous verrons bien ce qu'il aura à dire.
Curt grillait une cigarette, collé contre un arbre, regardant la maison de ses parents lorsqu'il n'était pas encore un vampire. Il lui sembla entendre un bruit suspect à proximité. Il contourna l'arbre et tomba nez à nez avec Willow, une croix à la main, le bras tendu devant elle.
- Alors, Curt, on se promène ?
Le vampire n'eut pas le temps de répondre et s'écroula par terre. Giles, qui se tenait derrière lui, venait de le frapper sur le crâne à l'aide d'une énorme branche.
- Bien, maintenant, il va falloir le faire parler, se dit le bibliothécaire. Mais d'abord il faudrait qu'on puisse l'attacher.
- Eh, Giles ! s'écria Willow d'un air victorieux. J'ai trouvé des cordes autour de ces vieux cartons de déménagement, ils semblent plutôt solides !
- Oui, c'est bien, Willow, mais je t'en pris, parle moins fort, s'il te plaît.
Pieds et mains liés, Curt finit par ouvrir les yeux, assis contre l'arbre, paraissant s'interroger sur son état. Son visage changea et montra toute sa haine à ses deux assaillants. Un grognement les dissuada de se trouver trop près pour le questionner.
- Où se trouve Yolnéa ? lui demanda Giles.
- Je n'en sais rien, répondit l'autre.
- Nous pouvons attendre ici jusqu'au levé du jour. Le soleil tape très fort ces temps-ci. Alors je répète ma question : où puis-je donc trouver Yolnéa ? Vit-elle dans les parages ?
- Dans une chambre, en ville, grogna-t-il. En face du vieux théâtre. C'est là qu'elle m'avait emmené lors de notre première rencontre...
- Il en a trop dit ou pas assez, Giles, intervint Willow en jetant un coup d'oeil vers lui.
- C'est bien ce que j'avais compris, réfléchit Giles qui se rapprocha légèrement du vampire. Curt, est-ce Yolnéa qui t'a... ?
- Oui, c'est elle qui a tué votre copain, coupa le vampire en riant. Et j'ai pu enfin prendre sa place.
Giles et Willow s'éloignèrent un peu plus loin pour parler.
- Cette Yolnéa me semble plus dangereuse que je ne le pensais, en conclut Giles. Elle est peut-être aussi dangereuse que la seconde âme avec laquelle elle partage ce corps. Je crois qu'il devient urgent d'aller la voir. En espérant que Buffy ne l'aura pas accompagnée jusque chez elle.
- Dites, si je comprends bien, Yolnéa a mordu Curt chez elle. Mais comment se fait-il qu'il l'y ait suivie ? Il allait la tromper alors ? Pauvre Buffy...
- C'est fort possible, Willow, mais, vois-tu, il y a plus important, ne crois-tu pas ?
- Ah, oh oui, c'est vrai. Elle est peut-être en danger. Mais ce n'est pas très bien fréquenté du côté du vieux théâtre.
- Ne t'inquiète pas, j'espère également que nous n'y resterons pas trop longtemps.
Willow se retourna pour avoir entendu un cri. Quelqu'un l'appelait au loin depuis une voiture.
- Mais cette voiture, c'est celle de Cordélia, non ? se rappela-t-elle.
- C'est Alex, il me semble, devina Giles quand la voiture se fut suffisamment approchée d'eux.
Ils coururent à leur rencontre. Alex leur fit signe de rentrer dans le véhicule.
- Buffy, elle est avec Yolnéa, leur cria-t-il.
- En face du vieux théâtre ? lança Willow. Chez cette vampire ?
- Oui, c'est ça, dit Alex, un peu surpris de voir ce qu'elle savait déjà. Et vous n'allez pas me croire mais elle dormait dans son lit ! Je me suis même demandé si elle n'y était pas toute nue.
- Tu plaisantes ? demanda Giles.
- Non, je vous assure. Ses vêtements étaient dispersés un peu partout dans la pièce.
- Ce que je veux dire, Alex, c'est es-tu certain que c'était Buffy ? Si elle était dans son lit sous un drap ou une couverture, comment peux-tu affirmer que c'était bien elle ?
Un instant de doute, puis Alex dodelina de la tête, ayant l'air d'insister sur la validité de ce dont il avait été témoin.
- C'étaient ses fringues, pas de doute ! Et ses cheveux, je les reconnaîtrais...
- Alex ! s'exclama Cordélia.
- Oui, pardon, excuses-moi. Bref, je n'ai pas rêvé. Demandez à Cordélia.
- A vrai dire, je ne serai pas aussi catégorique qu'Alex, fit l'autre avec une légère grimace, mais je ne vois pas qui cela aurait pu être d'autre. Et puis pour porter des fringues aussi mal assorties, il n'y en a qu'une !
Le véhicule stoppa. Willow ouvrit de grands yeux.
- Qu'y a-t-il, Willow ? lui demanda Giles.
- Nous avons oublié quelqu'un, réalisa-t-elle. Curt ! Il est toujours attaché.
- Ne t'en fais pas, lui dit Giles. Il a dû se détacher depuis un moment. Si ce n'est pas le cas, eh bien il devra compter sur l'arbre pour le protéger des rayons du soleil.
- Eh Alex, lâcha Willow. Il semblerait que Curt ait voulu tromper Buffy avec Yolnéa. C'est elle qui l'a transformé en vampire après l'avoir invité chez elle.
- Mais d'où sais-tu tant de choses, toi ? s'indigna presque Alex. Enfin, Buffy a le coup pour bien les choisir ! Elle va chercher bien loin...
- Taisez-vous, Yolnéa risquerait de nous entendre, leur chuchota Giles, en montant les escaliers.
Les autres l'imitèrent. Alex souffla à Giles :
- Grand chef, que fait-on maintenant ?
- Le trou de la serrure, Alex, répondit-il avec les lèvres pincées.
- Incroyable, qui aurait pu imaginer que vous me demanderiez un jour de mater à travers un trou de serrure ?
Vous ne me le demanderez pas deux fois.
- Sois-en sûr, Alex. Que vois-tu ?
- Je vois quelqu'un qui approche. Bon sang, reculez-vous !
La porte s'ouvrit et Buffy apparut. Elle semblait fatiguée mais elle était rhabillée et se tenait prête à partir.
- Buffy, tu vas bien ? l'interrogea Willow.
- Tu ne devrais pas rester ici, lui conseilla Giles. Yolnéa est-elle ici ?
Son mentor observa l'intérieur de la chambre mais ne distingua personne. De la poussière se trouvait sur le parquet, à proximité du lit.
- N'ayez craintes, je l'ai tuée. Je n'en ai fait qu'une bouchée.
- Comme toujours, la cavalerie arrive en retard, dit Alex. Euh, Yolnéa n'aurait pas fait des photos de toi toute nue, non ?
Pendant que vous deux...
- Allez, Alex, on s'en va, dit Giles en refermant la porte.
- Oups, fit Buffy. Le propriétaire !
Un homme pas très grand, la cinquantaine, marchait vers eux. Il sortait de l'appartement à l'autre extrémité du couloir.
- Vite, on devrait se sauver avant qu'il nous pause trop de question.
Giles se tourna vers elle, sourcils froncés, puis lui demanda :
- Buffy, comment sais-tu que c'est le propriétaire ?
L'autre bredouilla une explication que personne ne put saisir, puis elle poussa Giles et descendit les escaliersquatre à quatre.
- Giles, que se passe-t-il ? s'inquiéta Willow, ne comprenant pas le comportement de Buffy.
- C'est Yolnéa ! Elle s'est emparée du corps de Buffy. J'ignore comment mais il faudrait songer à la rattraper, sinon nous ne retrouverons plus Buffy.
Alex fut le premier à courir derrière elle, les trois autres le suivirent de près. Quand Willow s'arrêta soudainement de courir. Giles s'en rendit compte et stoppa également sa course. Willow se tenait droite au milieu des marches de l'escalier et son regard perçait le vide devant elle.
- Willow, te sens-tu bien ?
Elle ne répondait pas, comme en transe, et ses yeux continuaient à cerner le néant.
- Willow, que t'arrive-t-il ?
Une voix caverneuse s'échappa de sa gorge. Des mots d'une langue inconnue de Giles résonnèrent dans tout l'immeuble. Le propriétaire arriva vers eux.
- Qu'est-ce qu'elle a, votre copine ? Elle se drogue ou quoi ? Eh, vous, je vous parle.
Le propriétaire tapota sur l'épaule de Willow qui se retourna tout à coup vers lui et le poussa d'une main dans l'escalier sur quelques marches. L'homme se releva sans problème mais, quelque peu effrayé, descendit en courant pour s'enfuir. Tandis que Willow continuait à déblatérer son étrange discours. Puis, paraissant reprendre sesesprits, Willow perdit connaissance. Giles l'empêcha de tomber de justesse et la porta jusqu'en bas de l'immeuble.
Alex et Cordélia revenaient vers eux, l'air penaud ?
La voiture de Cordélia s'éloignait, probablement avec Yolnéa au volant
- Ma voiture, pleura Cordélia. Qu'est-ce qu'elle va faire à ma voiture ?
- Buffy a piqué la voiture de Cordélia, crut bon d'expliquer Alex aux deux autres. Mais que faisiez-vous, au fait ?
Willow, tu ne sembles pas aller bien ?
- Non, ça va, enfin je crois. Que s'est-il passé, Giles ?
- Eh bien c'est difficile à dire. Je n'ai pas bien compris. Mais, Cordélia, n'est-ce pas ta voiture qui revient ?
- Ah mais oui ! s'exclama-t-elle. Mais qu'est-ce qui lui a pris ?
La voiture se mit à tourner presque sur elle-même puis elle s'arrêta et Buffy en sortit, les mains dans ses cheveux, comme soudainement prise de terribles maux de tête. Puis apercevant ses amis, elle marcha vers eux en titubant presque.
- Buffy ? demanda Giles. C'est bien toi ?
- Oui, Giles, c'est bien moi. Je n'ai pas tout compris, mais je crois que j'ai partagé mon corps avec Yolnéa. Mon dieu, elle a pu connaître la moindre de mes pensées.
- Elle a du recourir à un rituel pendant que tu dormais et son âme s'est emparée de ton corps. Ensuite, elle a tué son ancien corps et, par la même occasion, l'âme avec laquelle elle le partageait.
- Dormir, vous voulez rire ? Elle m'avait droguée, oui. Finalement, je n'ai fait que des cauchemars ! Maiscomment se fait-il qu'elle ait disparu ? Je l'ai sentie me quitter lorsque j'étais dans la voiture. Je ne savais plus trop où j'allais, enfin où elle allait...
- Ah ça c'est un mystère, se contenta de répondre Giles en jetant un coup d'oeil furtif vers Willow.
- Ma voiture ! s'écria soudainement Cordélia.
- Ca y est, Cordélia, elle est revenue ta voiture, lui rappela railleusement Alex.
Cordélia leur montra son véhicule. La porte d'où était sortit Buffy quelques instant plus tôt s'était refermée. Déjà, la voiture redémarrait, roulant droit devant elle. Très vite, elle disparut à l'horizon.
- Mais qui est au volant ? s'interrogea Cordélia. Je n'ai vu personne y entrer.
- Je crois que nous n'avons vu personne, à part Buffy, en sortir, déclara Giles.
- Eh, vous ne voulez pas dire que l'âme de Yolnéa s'est réincarnée dans la voiture de Cordélia ? plaisanta Alex.
- Quel cauchemar ! s'exclama Cordélia. Je ne veux plus de cette voiture ! Rouler avec cette folle, non-merci !
- Bien, nous devrions peut-être rentrer, non ? conseilla Giles. Il se fait tard. Et, Cordélia, dit adieu à ta voiture, ce sera préférable pour tout le monde si l'on ne la retrouve jamais. De toute façon, nous n'avons pas le choix, nous allons devoir prendre un taxi.
- Eh minute ! coupa Buffy. Vous allez devoir rentrer sans moi. J'ai un petit travail à faire avant de rentrer me coucher.
- Que veux-tu faire encore à cette heure-ci ? s'inquiéta Giles, surpris.
- Curt ! J'ai deux mots à lui dire ! Il ne va pas s'en tirer à si bon compte. Rappelez-vous, l'âme de Yolnéa et moi avons partagé nos pensées durant quelques minutes ! Je viens de me souvenir que ce salaud a voulu me tromper !
Où est cette pourriture ?
- Il était près de chez lui, la dernière fois qu'on l'a vu, répondit Willow.
- Euh, je t'accompagne, si tu veux ? proposa Alex. Quand même, tromper ma chère Buffy, quel rat, celui-là !
- Hum, Buffy, lui rappela Giles. Tu oublies qu'il n'en a pas eu le temps. Et puis ce n'est plus le même, à présent.
- Pas grave. J'ai dû mal supporter qu'on joue avec mon corps. J'ai soudainement une terrifiante envie de medéfouler ! Vous savez, même Yolnéa me manquera plus que lui !
- Curt n'est pas le seul à avoir été infidèle ! rappela Willow.
- Eh, j'ai été manipulée ! Et puis je ne suis pas pire que Curt, juste une adolescente comme les autres... qui a besoin de se défouler un peu.
Panne sèche. Yolnéa descendit de la voiture et claqua la porte avec force. Cette voiture ne lui servirait plus à rien.
Elle devait continuer à pied.
- Eh, Buffy ? lui demanda un jeune homme en l'apercevant depuis le trottoir.
- Non, vous faites erreur, fit la jeune femme, véritable sosie de la tueuse, gagnant un sourire aux lèvres. Vous avez une voiture ? La mienne est tombée en panne d'essence.
- Ah oui j'en ai une, répondit l'autre en l'observant avec attention. Je peux vous conduire où vous le souhaitez, belle demoiselle.
- J'en serais ravie, dit-elle. Je dois aller rendre visite à des amis. Aux Enfers.
- Ah, désolé, je ne connais encore pas bien les lieux branchés de cette ville. Je suis un petit nouveau, ici !
- Ce n'est pas un problème, mon grand ! Je connais le chemin par coeur...

FIN