Une petite vie


Important : pour la cohérence du contexte, l’action se passe dans la première moitié de la saison 2 de BTVS.

PROLOGUE.

Une chambre où dort un couple dans la pénombre.
Le radio-réveil se met en marche : grognements divers, et mouvements à contrecœur.
Ambiance : « Il est 7 h, il fait froid, il pleut, il faut se lever… ».
La jeune femme se lève, sort de la chambre et va dans une autre pièce. Elle entrouvre la porte et regarde le petit lit où un bébé dort tranquillement.
Retour à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner.
Le mari sort de la salle de bain et se met à manger sans dire un mot, encore plongé dans les brumes du sommeil.
Un coup d’œil sur l’horloge, il accélère le rythme, et s’habille en hâte.
Dans le couloir, il croise sa femme encore en robe de chambre. Il dépose un bisou distrait sur sa joue, et lui dit «  ‘ce soir, chérie. ».
Une fois seule, la jeune femme tombe en arrêt devant le miroir du couloir. Elle s’approche, et contemple son reflet avec incrédulité.
« Mais qu’est-ce que je fais ici ? » s’exclame Buffy.

GENERIQUE.

Buffy fait irruption dans la cuisine, puis dans la chambre. Elle regarde les lieux d’un air hagard.
« Je vis dans cet endroit, je le connais, mais… ».
Le bébé se met à crier. Buffy va dans la chambre, et prend le bébé dans ses bras.
« Calme, Cécile, calme….  Mais comment est-ce que je connais son nom ? »
Constatant que les couches sont humides, elle la pose sur une table et d’une façon très automatique et routinière la change.
«Je sais m’occuper d’un bébé ? ? ? ? »
Sans hésiter, Buffy se met à préparer un biberon.
« Je sais où sont rangées les affaires, je sais comment faire les choses, j’ai tellement l’habitude que je ne réfléchis plus… ».
Le bébé calmé, nourri et rendormi, Buffy se sent vaciller.
Elle se laisse tomber sur le divan du salon.
« Mais où suis-je ? ? ?  …   Je sais où je suis : 157 Creekwood, Sunnydale...    Heu... Non, non... La famille Summers habite 1630 Revello drive. »».
Le trouble de Buffy s’approfondit.
« Qui est-ce que je suis ? Une jeune mère de famille ...     Non, non, non, je suis Buffy la tueuse de vampire. Je ne suis pas mariée, et je n’ai pas d’enfant. ».
Buffy serre les poings : « Ce n’est pas un rêve… Même en rêve, je ne saurai pas changer un bébé ! ! »
Buffy fonce sur le téléphone. Elle compose un, deux, trois, quatre numéros sans succès. Une voix enregistrée lui répond qu’ils ne sont pas attribués. Appelant les renseignements, elle demande sans succès le numéro et l’adresse de Joyce Summers, sa mère, et de ses amis. Inconnus parmi les abonnés de Sunnydale et d’ailleurs.
Sur l’étagère d’un meuble, Buffy aperçoit un volume à couverture en faux cuir plastifié : un album photos.
La gorge serrée, elle examine les photos une à une : Buffy fréquentant un jeune homme, Buffy se mariant avec lui, Buffy à la maternité tenant son bébé dans ses bras, Buffy en vacances avec sa petite famille…
Refermant l’album, elle revient s’examiner attentivement dans le miroir : « Ca ne colle pas : j’ai 16 ans dans le miroir, j’ai 16 ans sur les photos. Je ne peux pas avoir conçu un enfant à 14 ans ! »
Buffy cherche désespérément dans sa mémoire. Les photos ne lui évoquent rien du tout.
Elle écarte brusquement sa robe de chambre, soulève sa combinaison, se palpe et s’examine attentivement : pas de trace de maternité.
« Je suis sûre que je suis encore vierge ! »
Sa tentative d’humour ayant fait long feu, une crise d’angoisse saisit Buffy, dont le cœur se met à battre à tout rompre.
« Je suis peut-être amnésique. Ou bien folle : une mère de famille qui se prend pour une tueuse de vampires ! »
Les paroles de Ted, l’éphémère petit ami de sa mère, lui reviennent en tête : « Tu es délirante... Les psychiatres les enferment, les malades comme toi... Tu passeras les meilleures années de ta vie bouclée dans un asile de dingues... »
Buffy parvient à reprendre son calme. « Non. J’ai 16 ans, indiscutablement. Il se passe autre chose. Il faut que je reprenne contact avec Giles. »
Revenant dans la chambre, elle s’habille rapidement. Elle note que les vêtements et les sous-vêtements sont bien à sa taille. « On dirait bien que je vis ici depuis des années... »
Prenant son sac à main, elle saisit les clefs de la voiture.
« Je sais conduire ? ? ? »
Elle extrait de ses affaires un permis de conduire et lit les renseignements indiqués. « Je suis censée avoir 24 ans ! » Elle se regarde de nouveau dans le miroir : « J’ai 16 ans. J’ai 16 ans. »

Dans la bibliothèque de la Sunnydale High School, une dame aux cheveux grisonnants hoche la tête doucement : « Je ne connais pas de M. Giles Rupert. Et je suis la bibliothécaire du lycée depuis plus de 15 ans. »
Buffy, son bébé sur les bras, bat en retraite. Ses visites à son ancien domicile et à celui de ses amis n’ont rien donné : tout son passé semble s’être effacé.
Buffy regarde alors sa montre : « Il faut que je fasse les courses pour préparer le repas avant le retour de Sébastian de la mairie...  Ha...  Il s’appelle Sébastian ! ». Elle sent alors quelque chose se frayer lentement un chemin depuis les profondeurs de sa mémoire.
« Zacatécas ! »
Un pan de souvenirs lui tombe alors sur la tête.
Sébastian est un petit employé municipal de la mairie. Après leur mariage, ils ont passé leur lune de miel sur les plages du Mexique. En visitant la province de Zacatécas, Sébastian y a découvert la viande braisée locale, et pour lui faire plaisir, Buffy a appris comment la préparer... avec les moyens du bord !
Buffy s’arrête de marcher, et reste immobile, le coeur battant.
L’évocation de sa lune de miel avec Sébastian l’a entraînée vers des souvenirs chauds et humides...  Des sensations qui ne lui appartiennent pas et qu’elle ne souhaite vivre ni par procuration, ni par anticipation.
Buffy fait un effort pour refouler ces réminiscences en se concentrant sur des soucis plus terre à terre.
« Va pour les spécialités de Zacatécas…  puisque maintenant je sais cuisiner. »

Le repas est prêt, Cécile dort, et Buffy s’angoisse. De plus en plus de souvenirs de sa vie avec Sébastian lui reviennent en tête.
Réagissant avec énergie, elle se lève, avise une chaise en bois, lance son pied en coup de fouet, et pulvérise la chaise. « Ce qui prouve que je suis bien une tueuse de vampires entraînée. »
Son répit est de courte durée : « Me voilà à attendre le retour de mon petit mari chéri : un parfait inconnu !»
Elle balaye du regard son logement : nettement plus petit et moins confortable que celui de sa mère. Sébastian n’a manifestement pas de gros revenus.
« Je n’ai pas choisi ce mode de vie. Je vivrai peut-être comme ça ; mais pour l’instant je ne l’ai pas choisi. »
Une pensée la fait frissonner : « Je suis supposée avoir 24 ans : on m’a volé 8 ans de ma vie ! ! !  Je ne veux pas vivre comme une adulte sans avoir vécu comme une adolescente.»
Buffy se rappelle alors de Luc et Anna, deux élèves de la Sunnydale High School. Luc a mis Anna enceinte. Leurs familles très catholiques ont fait pression pour qu’elle n’avorte pas et qu’ils se marient. Après la naissance du gosse, Anna a pris un job de vendeuse et Luc fait le chauffeur livreur. Ils espéraient aller à l’université.
Buffy se lève et se met à marcher en rond dans la pièce.
« Je suis la tueuse de vampire : je suis née pour ça, je suis entraînée pour ça, je ne veux pas d’une autre vie !  »
Le bébé se met à crier. D’un bond, Buffy est dans sa chambre et se met à la calmer.
De retour dans le salon, Buffy s’inquiète de sa réaction : « La nouvelle Buffy prend de plus en plus le dessus sur Buffy la tueuse.»
Buffy porte une main à sa bouche.
« Il faut que je parte, que j’échappe à cette vie…»
Elle essaye de se représenter la famille formée avec Cécile et Sébastian. « Je ne dois rien à Sébastian. Je n’ai rien en commun avec lui. Quant à Cécile, je ne l’ai pas conçue et pas portée. Je dois tout plaquer sinon, je vais me retrouver piégée dans cette vie… ».
Buffy hésite.
« Mais je ne sais pas où aller…  Abandonner un bébé…  Je ne sais plus…   Et puis tous les ennuis avec la justice pour avoir quitté ma famille… »
Buffy se surprend : « MA famille ? ». Elle tente de ranimer l’idée vitale d’une échappée.
« Comment est-ce que je vivrai ? Je n’ai pas de diplôme, pas de travail, pas d’argent, plus de famille, ni d’amis…  Je vais devenir une marginale… Ou si je m’en tire bien, je vivrai comme une prolo…  Mais si je m’en tire mal… »
Un sourire éclaire le visage de Buffy : « Je pourrai toujours créer une secte : moi la vierge qui enfante. » Un fou rire nerveux submerge Buffy...   Elle ne parvient pas à s’arrêter de rire. S’essuyant les larmes au coin des yeux, elle lance d’un ton bravache : « Pleurer, oui, mais pleurer de rire... »
Avisant les débris de la chaise, elle entreprend de les ramasser et sort dans le petit jardin derrière l’habitation pour chercher un endroit où les dissimuler. Buffy regarde la façade de sa maison : une habitation bon marché et ancienne avec des murs en briques dégradés. Buffy aperçoit des briques descellées et pense rapidement : « Il va falloir que nous réparions ça. »
Elle rentre dans la maison quand un bruit dans le couloir tire Buffy de ses réflexions : Sébastian vient de rentrer.
« Autant jouer mon rôle… »

Le couple a fini de manger et regarde la télévision, allongés sur le divan. Sébastian a posé une main sur la cuisse de Buffy qui ne l’a pas repoussé.
Buffy le regarde furtivement : « Il est sympa après tout. »
Le geste de Sébastian l’a surpris, puis rassuré. Pas un geste agressif, ni particulièrement affectueux. Un geste de routine.
Elle jette un bref coup d’œil sur le ventre de son mari.
« Il apprécie un peu trop ma cuisine. Il faudra que je fasse attention aux menus… »
Elle fronce les sourcils : « Attention, en me disant ça, je me projette dans la durée, et je m’installe dans le rôle de jeune mère de famille…  Ben, n’empêche que mes petits plats lui profitent… »
Elle regarde pour la n-ième fois le décor qui l’entoure.
« Ca pourrait être une petite vie bien tranquille… »

De retour, dans la chambre, Buffy se prépare à se coucher. Elle ouvre l’armoire, se déshabille et prend une fine nuisette ornée de dentelles qu’elle revêt machinalement. Soudain, elle aperçoit son reflet dans un miroir et s’immobilise.
« Hou là ! Surtout pas ! Je n’ai pas envie de lui donner envie ! »
Cherchant une tenue moins aguichante, elle se dit : « S’il essaye de me toucher, je lui dirai que j’ai la migraine. Et s’il insiste, c’est lui qui aura mal au crâne ! »
Sentant la gêne monter, elle se dit : « Si la nouvelle Buffy gagne de terrain, demain soir, c’est moi qui lui ferait des avances… Parce que ça me plaira ! »

Il fait nuit dans la chambre. Buffy, incommodée par la chaleur et la présence de son conjoint, est réveillée et écoute le souffle de son mari endormi. Elle repense aux banalités échangées avec Sébastian pendant le repas. La plupart du temps, elle a répondu par monosyllabes, mais Sébastian n’a pas eu l’air de s’inquiéter de son mutisme. Toutes ces brides d’informations sur sa nouvelle vie prennent petit à petit un sens. Brusquement, une bouffée de souvenirs envahit dans sa mémoire. Les images vues dans l’album photos prennent du relief, les vides dans les souvenirs commencent  se combler.
Buffy ouvre les yeux et murmure : « Je ne veux pas ! »
Doucement, elle quitte le lit, et va dans le living-room.
Une nouvelle vague de souvenirs menace de déferler. « Ca ne servirait à rien de m’enfuir. La bataille a lieu là, dans ma tête. »
Buffy sent les larmes lui monter aux yeux : « Je veux rester Buffy la tueuse de vampires ! Il ne faut pas que je cède à la panique… Je préférerai combattre dix super vampires plutôt que d’affronter ce naufrage !»
Brusquement, l’attention de Buffy est attirée par une lueur grisâtre dans un coin de la pièce. Retenant son souffle, elle s’approche doucement. La lueur prend une faible intensité, et une forme apparaît.
« Willow ! Comme je suis heureuse de te voir ! »
La forme grise, délavée et aux trois quarts transparente répond faiblement : « Buffy ! ! Tu peux encore me reconnaître ? Il n’est pas trop tard ! »
Buffy : «  Sort moi de là ! Je suis en train de devenir une autre Buffy, et … »
Willow lui coupe la parole, et d’un ton saccadé : « Je n’ai que quelques secondes pour te parler. Tu es tombée sous l’influence d’un puissant sorcier recruté par Spike. Il t’a expédiée dans un autre monde, un univers parallèle… »
Buffy : « Vous avez capturé ce sorcier ? »
Willow : « Spike l’a tué pour qu’il ne puisse pas te faire revenir. »
Buffy accuse sévèrement le coup.
Willow d’une voix faiblissante : « Giles a travaillé comme un fou sur les documents récupérés chez le sorcier, pour t’envoyer ce message. Ce monde où tu es, te paraît-il cohérent ? »
Buffy : « Non. J’ai gardé mon apparence de 16 ans alors que je suis une mère de famille. Et puis, j’ai plein de trous dans les souvenirs de ma vie dans ce monde. »
Willow : « Alors, il y a encore un espoir. Ton insertion dans cet univers n’est pas encore très solide. Le Sunnydale où tu as atterri doit, lui aussi, être situé sur une bouche de l’enfer. Il faut que tu trouves la tueuse de ce monde et son observateur. Eux seuls peuvent te faire revenir. Il ne te reste plus que quelques heures… »
Buffy : « Et si j’échoue ? »
Willow, d’une voix mourante : « Tu oublieras la Buffy que tu étais et tu te fondras dans ce monde… »
Willow semble se mettre à hurler mais seul un murmure est audible : « Nous avons la mère... »
L’image de Willow vacille et disparaît.
Buffy reste un instant à contempler le vide, mais son énergie revient. « Agir, enfin agir...  Buffy la tueuse doit s’accrocher pour ne pas disparaître. »
Elle s’habille en silence, et prend les clefs de la voiture. Dans un coin du débarras où elle a dissimulé les débris de la chaise, elle récupère un morceau de pied qui fera un pieu en bois acceptable.
Alors qu’elle s’apprête à sortir, elle s’immobilise dans le couloir. Revenant sur ses pas, elle entre dans la pièce où dort le bébé. Le regardant un instant, elle murmure : « C’est trop bête. ». Elle doit faire un effort pour regarder sa montre : « Presque minuit. L’heure idéale pour chasser les vampires. »

Buffy traverse le cimetière de Sunnydale plongé dans l’obscurité. La lune crée de longues ombres à terre. Buffy marche rapidement et sans souci de discrétion.
« Je suis une petite jeune fille perdue dans la nuit d’un cimetière. Une proie facile, les gars. »
Tout à coup Buffy sent deux mains puissantes la prendre par derrière aux épaules. Surprise de ne pas avoir vu le vampire s’approcher, elle tente de se dégager d’un geste brutal. Sans succès. Au contraire, le vampire la retourne sans difficulté et lui fait face. Dans la mêlée, le pieu en bois tombe à terre. La trogne du vampire s’approchant du visage de Buffy, elle respire les remugles de son adversaire. Le bourrant de coups de poings, elle tente de le repousser. Mais les coups de Buffy glissent sur le vampire sans avoir assez de force pour lui faire lâcher prise. Le vampire empoigne les cheveux de Buffy pour les tirer sur le côté, laissant à nu son cou. Les crocs du vampire s’approchent inexorablement de sa proie.
« Je ne sais plus me battre. Je n’ai plus assez de force ! »
Une fraction de seconde, une sale petite pensée traverse l’esprit de Buffy : « Le destin d’une tueuse de vampire est d’être tuée par un vampire. »
Buffy tente désespérément de tenir le vampire à distance, quand une idée jaillit dans son esprit : « Si je peux choisir ma vie, je peux choisir ma mort. Et ce ne sera pas celle-là… »
Levant brutalement le genou, elle enfonce avec tant de force l’articulation de sa jambe en haut du ventre du vampire, que la rotule s’enfonce profondément sous le sternum. Le souffle coupé, le vampire desserre son étreinte mais sans lâcher prise. Avec beaucoup de sang-froid, Buffy le frappe au visage de la paume de la main, et lui écrase le nez. Le vampire, sous le choc, relève le visage de quelques centimètres cruciaux. Avec vivacité, Buffy enchaîne une série de coups de poings qui percutent violemment son larynx. La scène n’a duré que 2 secondes mais le vampire est désorienté et Buffy lui glisse entre les doigts.
D’un geste de ballerine, Buffy lance son pied vers la tête du vampire, et dans le même mouvement, ramasse le pieu tombé à terre. Le vampire recule d’un pas pour éviter le pied de Buffy, en laissant sa poitrine exposée. Buffy achève son mouvement circulaire du corps avec grâce et, d’une impulsion du bras en coup de fouet, plante le pieu dans le cœur du vampire.
Buffy se retrouve à demi allongée par terre et couverte de poussière de vampire.
Elle  entend alors des applaudissements : une jeune femme s’approche d’elle en battant des mains. Avec vivacité, Buffy se redresse sur ses pieds et examine la petite adolescente brune et à la peau claire qui s’avance, suivie à quelques pas par un adulte.
« Je ne connais qu’une catégorie de personnes pour réussir un coup comme ça… » dit l’inconnue.
Buffy s’approche d’elle et lui tend la main : « Buffy, tueuse de vampires… »
La jeune femme lui serre la main : « Phoebe, LA tueuse de vampires… »
Buffy entend sur le côté un léger frémissement des feuilles. A peine a-t-elle le temps de tourner la tête qu’une ombre fonce vers les jeunes filles. La forme sombre est stoppée net par Phoebe qui décroche au vampire un coup de pied d’une violence à lui exploser le crâne. Le vampire tombe groggy à leurs pieds.
Buffy n’a pas fait un geste. Se reprenant, elle brandit son pieu en direction du vampire.
« Pas celui-là. »
Buffy s’arrête dans son élan et voit un adulte s’approcher.
 « Contentez-vous de l’attacher. Nous avons quelques questions à lui poser… »
Examinant Buffy, il jette d’un ton amusé : « Pour une tueuse, tu manques sérieusement d’entraînement ! »

Buffy termine d’expliquer la situation à la tueuse et à l’observateur de ce monde, en soulignant le peu de temps qui lui reste.
Buffy : « Pouvez-vous m’aider à revenir chez moi ? »
L’observateur : « Non. Transférer une personne et l’insérer dans un monde parallèle demande une puissance énorme. Ce serait comme d’enfoncer un coin en bois dans un mur de briques. Je suis stupéfait que votre sorcier ait eu la force de le faire.»
Buffy se sent faiblir : la tueuse de vampires recule encore de quelques pas devant la jeune mère de famille. Elle ne peut pas s’empêcher de penser au mur de sa maison en train de se délabrer. Buffy doit faire un effort pour redevenir une tueuse. Elle lance à l’observateur un regard qui le transperce : « Une insertion n’est pas possible...  mais une permutation ? »
L’observateur lève les sourcils.
Buffy : « La famille dans laquelle j’ai atterri n’a pas été créée de toutes pièces. Willow a fini son message en disant : ‘Nous avons la mère... ’. Je crois que le sorcier s’est contenté d’échanger les vies de la mère du bébé et de moi-même. Elle doit se trouver dans mon monde, avec dans le cerveau la moitié de ses souvenirs et la moitié des miens. »
L’observateur et sa tueuse échangent un regard.
Buffy : « Je ne vous demande pas d’enfoncer un coin dans le mur mais de permuter deux briques descellées. » Après tout, les préoccupations de Buffy la mère de famille ne sont pas sans intérêt.
L’observateur : « Ce que tu dis éclaire d’un jour nouveau un vieux rituel que je ne… »
Buffy : «  Vous pouvez le faire ?»
L’observateur : « Moi tout seul non...  mais je sais où trouver une force en appui...  un appui forcé mais un appui quand même.»
Se tournant vers sa tueuse :   « Détache le vampire. »
Se retrouvant libre de ses liens mais cerné par trois personnes hostiles, le vampire n’en mène pas large.
L’observateur : « Tu as entendu le récit de cette jeune fille ? Alors tu vas filer voir ton maître et lui dire que je passe un accord avec lui pour un cessez le feu pour la durée de la nuit. Je lui donne rendez-vous avec toi dans une heure au cimetière pour aider Buffy à rentrer chez elle. »
Le vampire : « Jamais il ne viendra dans ce piège. »
L’observateur : « Oh mais si ! Car tu lui diras que s’il ne vient pas, je prendrai Buffy sous ma coupe. Il aura alors deux tueuses à affronter ! »
Le vampire déguerpit sans demander son reste.
Buffy : « Si le maître vient, vous ne craignez pas un mauvais tour ? »
L’observateur : « J’espère bien qu’il rompra cet accord ! Depuis le temps que je cherche à mettre la main sur lui ! Mais ne t’en préoccupes pas, ceci est notre chasse… »

Une heure plus tard, Buffy regarde à quelques distances Phoebe et le vampire en pleines tractations pour mettre au point le détail du rite à accomplir. Plus loin, l’observateur semble plongé dans le livre de rituels qu’il est allé chercher, mais il ne peut s’empêcher de jette des coups d’œil en direction du bosquet où se cache le maître des vampires.
Enfin, Phoebe s’approche. Elle emmène Buffy prendre position au milieu des tombes. Celle-ci reste un moment seule, puis elle voit les quatre protagonistes se placer aux quatre coins d’un carré dont elle occupe le centre.
Buffy a derrière elle l’observateur, et sur sa gauche Phoebe. Symétriquement à celle-ci se place le vampire. Le dernier à s’installer est le maître des vampires. Buffy découvre une masse énorme, sombre et cornue, aux yeux d’un rouge incandescent, inquiétante brillance dans l’obscurité. Il s’immobilise devant elle et la fixe d’un regard dévorant de haine. Buffy ne peut s’empêcher de se retourner pour jeter un regard plein d’appréhension vers l’observateur. Celui-ci esquisse un petit geste de la main pour la calmer.
Le rite commence et Buffy entend quatre voix dissonantes commencer à psalmodier le texte distribué par Phoebe.
Buffy se sent soudain à la croisée des chemins. A son propre étonnement, elle se sent submergée par une violente émotion : l’idée de perdre Cécile lui est insupportable !
« Cécile… Je me demande si une tueuse n'a jamais eu… Peut avoir… Mais j’ai encore le choix… Arrêter le rite… Rester avec Sébastian… »
Elle s’aperçoit que Phoebe la regarde avec intensité.
Buffy lui lance un regard douloureux : « Je vais la perdre… »
Phoebe lui répond d’un air froid et déterminé : « Elle doit retrouver sa vraie mère ! »
Buffy se reprend : cette fois, la mère de famille est bien morte en elle.
Une nappe d’obscurité s’abat tout à coup sur Buffy. Tentant de percer les ténèbres, elle essaye d’apercevoir la lueur rouge des yeux du maître des vampires. Sans succès.
Buffy se retrouve suspendue dans le noir, sans plus savoir où est le haut et le bas.
« Pas de feu d’artifice pour le départ… Pas de sensation de mouvement dans le voyage …  Plus de sensation du tout… Ni chaud, ni froid, ni vertige, ni pesanteur… Je suis dans le néant… Et si ça ne marchait pas ? Si je me retrouvais… »
Une lumière éclatante éblouit Buffy.
« …coincée ici à jamais ? »
Alex : « Exact : tu es coincée avec nous à jamais ! ».
Buffy sursaute, étonnée par le retour sans transition de ses sensations.
D’un coup d’œil rapide, elle balaye les alentours : elle se retrouve dans la bibliothèque de Giles, allongée sur une table. Ses amis sont autour d’elle et la regardent avec inquiétude. Ainsi disposés, Buffy se sent tout à fait dans le rôle du gigot sur la table dominicale.
Alex : « Mais avons-nous sur cette table la Buffy / Buffy, ou la Buffy / mère de famille ? »
Buffy reste interloquée : ils ne la reconnaissent donc pas ?
Buffy : « Willow : la dernière fois que je t’ai vue, tu ressemblais à un poste de TV noir et blanc déréglé. »
Willow, rassurée sur l’identité de Buffy, se met à rire : « Et toi, tu étais comment ? »
Buffy : « A-do-ra-ble, dans mon pyjama en pilou-pilou ! »
Elle s’assied en tailleur sur la table et fixe Angel : « Angel : j’espère que toi au moins tu n’as pas confondu la vraie et la fausse Buffy. »
Angel se contente de sourire sans répondre...
Buffy, amusée mais un peu rancunière : « Et c’est la vie que je me suis choisie... ».

EPILOGUE

Buffy, Willow et Alex sont assis sur un banc dans la cours de la Sunnydale High School, sous le soleil californien.
Buffy : « Ce Spike ! Quand je mettrais la main dessus, il y aura du sang sur les murs ! ! »
Alex : « Ne soit pas négative… Tu as quand même appris à faire la viande braisée à la Zacatécas ! »
Buffy : « Mes aptitudes pour la cuisine sont restées dans l’autre monde. Chacune de nous a retrouvé ses dons d’origine, mais il ne me reste rien de son talent culinaire. »
Alex : « Soupiiirr…. »
Buffy : « Racontez-moi plutôt comment vous avez découvert la substitution entre les deux Buffy. »
Willow : « Lorsque ton double s’est réveillée dans ton lit, elle a réagi comme la Buffy normale... Toilette, déjeuner, bavardage avec Joyce... Ce n’est qu’en arrivant à la Sunnydale High School qu’elle a commencé à se troubler... A tenir des propos incohérents... Je t’ai emmenée. Enfin, je l’ai emmenée dare-dare à Giles qui l’a interrogée.»
Buffy : « Vous n’avez pas remarqué la différence physique ? »
Alex : « Ben maintenant...  C’est vrai qu ’elle était plus âgée que toi...  Brune et tout...  Mais rien ne nous a choqués ! »
Willow : « Giles a soupçonné tout de suite une attaque de Spike...  Mais impossible de trouver la manière employée...  Et surtout impossible de savoir où tu avais disparu lors de cette permutation...  En désespoir de cause, nous sommes allés réveiller Angel... »
Alex : « Angel-les-bons-tuyaux... »
Willow préfère ignorer l’interruption d’Alex :  « Angel a diagnostiqué une agression par un sorcier. Selon lui, le seul magicien capable d’un tel tour de force était l’ « Immortel » ».
Alex : « Il devait son surnom au sort le plus important qu’il maîtrisait : la vie éternelle... »
Willow : « Mais ce pouvoir était aussi son point faible : il était constamment à la recherche des ingrédients des filtres nécessaires à son rituel magique d’immortalité. Angel, dans sa vie passée, avait déjà fait appel à ce personnage, qui lui avait demandé en paiement le même prix réclamé pour toutes ses prestations de services : de la fleur d’orichalque... »
Angel : « Un cristal très rare et très cher... »
Willow : « Le plus rare des ingrédients de ses filtres. Je me suis précipitée sur mon ordinateur pour faire un hack sur les fichiers des principaux négociants de minéraux précieux...  Je n’ai pas mis longtemps à trouver une livraison de fleur d’orichalque à Sunnydale...  Et l’adresse de livraison ! »
Alex : « Nous nous sommes précipités à cette adresse...  Nous avons découvert le cadavre du magicien sucé comme un tube de Nestlé...  L’immortalité et Spike, ça ne fait pas bon ménage ! »
Willow : « Nous avons fait une razzia sur les livres, les manuscrits et les notes du magicien. Giles a littéralement avalé toutes ces informations pour comprendre ce qui t’était arrivé, et parvenir à te transmettre mon message ! »
Buffy : « Vous m’avez sauvé la vie.. Enfin, plutôt vous m’avez sauvé d’UNE vie... »
Alex : « Tu peux même dire que nous avons sauvé DEUX vies... »
Buffy : « C’est juste... Ce fut dur pour moi. Mais l’autre Buffy a dû déguster aussi. En plus, à son retour, elle s’est probablement retrouvée en pleine bagarre entre la tueuse et le maître des vampires ! »
Buffy fronce les sourcils : « J’y pense...  Est-ce que Giles a finalement trouvé dans les papiers du sorcier le rituel magique d’immortalité ? Et le procédé pour envoyer une personne dans les mondes parallèles ? »
Alex : « Officiellement, rien de tout ça... »
Buffy pâlit : « Il faudra que j’ai une petite conversation avec Giles... »
Willow et Alex échangent alors un regard complice.
Alex : « Pour te remettre de ta frayeur, nous avons pensé que de menus cadeaux t’aideraient. »
Willow et Alex sortent de leurs sacs, deux paquets enrubannés, et les donnent à Buffy.
Buffy : « Fallait pas…  Enfin… Si…  Vous savez que j’adore les cadeaux ! Je commence par ouvrir le plus petit. »
Elle en sort une bande dessinée.
Buffy : « Une BD ? »
Alex : « Les aventures de Torpédo, par Jordi Bernet et Sanchez Abuli. C’est génial ! Regarde le titre. »
Buffy, d’un ton gai : «  ‘Tuer c’est vivre’. Très approprié ! »
Elle défait l’emballage du gros paquet, et ouvre la boite contenant son cadeau..
Buffy : « Ho ! Une poupée…  comme elle est mignonne ! »
Elle la sort de la boite et la contemple un instant. Un sourire grandit sur ses lèvres.
Buffy : « Je comprends votre message et je l’apprécie. »
Elle place la poupée au creux de son bras, fait le geste de la bercer, et regarde ses deux amis en souriant.
Buffy : « Encore assez jeune pour jouer à la poupée, et trop jeune pour pouponner ! »

         FIN

 

 

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