Les enfants de Baphomet
(suite)


Giles arrive tranquillement à la Sunnydale High School, au volant de sa vieille DS pourrave. Il se gare et sort distraitement de sa voiture lorsqu’il entend hurler des freins et crisser des pneus dans un dérapage mal contrôlé. Il n’a que le temps de se jeter en arrière contre sa voiture pour éviter un bolide rouge qui le frôle.
Adossé à la DS, il doit prendre quelques secondes pour retrouver son sang froid. Levant les yeux, il contemple la décapotable immobilisée devant lui. Son jeune conducteur n’en mène pas large.
Giles : « Alex : ta haine du corps professoral te donne des pulsions de meurtre ? »
Alex, d’un air aussi dégagé que possible : « Tiens ! C’est vous Giles ? »
Giles : « Qu’est-ce que c’est que cet engin ? »
Alex : « Un cabriolet sport BMW. Série M3. »
Giles reste sans voix.
Alex : « Je voulais un roadster… Une Z3… Plus sportive… Mais celle-ci m’ira… »
Giles : « Laisse-moi deviner : un véhicule de location ? Il a dû te coûter une fortune ! »
Alex : « Ben...  Mes économies ont morflé, c’est vrai... Mais une journée au volant de cette machine, cela mérite des sacrifices, non ? Ce n’est pas un bijou carrossé par Pininfarina, mais ce petit bolide devrait faire son effet ! »
Toutefois, Giles reste trop éloigné de la chose automobile pour noter le goût atroce d’Alex : du rouge vif pour un cabriolet BMW !
Giles : « Mmmmm...  Willow m’a parlé de tes problèmes avec Cordélia. Tu crois que frimer avec cette voiture va la faire revenir vers toi ? »
Alex se rembrunit, puis se remet à sourire : « Cette voiture est un piège à filles, c’est vrai...  Mais cela ne concerne plus Cordélia. Ce soir, attention les minettes, j’arrive ! ! ! »
Giles : « Qui t’as mis cette idée en tête ? »
Alex répond avec un sourire méchant : « C’est Buffy ! A force de me casser les pieds avec son cauchemar idiot, elle m’a donné envie de passer à l’acte. Si elle a raison, je vivrai un vrai rêve ce soir ! »
Giles, en tiquant : « Tu maîtrises ce bolide ? »
Alex : « Pas besoin d’aller vite. Il faut que mes proies aient le temps de l’admirer. ». Alex donne un petit coup d’accélérateur qui fait rugir le moteur.
Cette démonstration n’a pas l’air de rassurer Giles : « Je ne t’ai pas vu souvent conduire... ».
Alex : « Je vais passer la journée à m’exercer. La boite de vitesse est manuelle, vous savez...  Il faut que je m’entraîne ! »
Giles ne fait pas de commentaire sur le fait qu’Alex sèche ses cours. Celui-ci démarre et il le regarde s’éloigner.
Giles : « Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Inconscient du trouble qu’il a provoqué chez Giles, Alex est tellement heureux au volant de son bolide qu’il chantonne : « Je suis zaaa-mou-reuuux d’une voooiiture… »

Dans la bibliothèque de la Sunnydale High School, Giles vient de raconter sa discussion avec Alex à Buffy et à Willow.
Buffy est furieuse : « Alex veut jouer les tombeurs de nanas avec une voiture de sport ? Et il s’amuse à me coller la responsabilité de son idiotie sur le dos ?»
Giles : « Je ne l’aurai pas formulé comme toi…  Mais enfin, oui ! »
Buffy sent l’angoisse monter : « Alex n’a pas de gros moyens. Qu’est-ce qui a pu le décider à sacrifier ses économies pour louer ce bolide ? »
Buffy et Giles fixent Willow, qui reste silencieuse un moment, puis se décide : « Il est vrai que, hier soir, Alex et Max ont longtemps discuté. Alex semblait fasciné par le mode de vie de Max. »
Buffy : « Son mode de vie ? »
Willow : « Max n’a pas été très explicite. Il semble avoir une vie assez facile…  Heu…  Par des moyens assez marginaux…  Heu…  Alex n’a pas arrêté de lui poser des questions. »
Giles : « Alex sera tenté par la délinquance ? »
Willow, précipitamment : « Non, non ! Mais en substance, Max disait qu’il fallait vivre en allant jusqu’au bout de ses envies…  Et se donner les moyens de réaliser ses envies…  Quitte à en payer le prix ! »
Giles : « C’est un peu le discours qu’il vient de me tenir. »
Willow : « Vous vous rappelez ses propos la fois où nous avons combattu Chris et Daryl Epps, qui jouaient au Docteur Frankenstein ? »
Buffy se rappelle effectivement que Willow avait à ce moment souffert de l’indifférence d’Alex à son égard. « Il a dit : « Beaucoup de gens ne savent pas voir, ils ont peur. C'est ce qu'ils n'auront pas, qui les fait rêver. Le plus inaccessible, c'est le plus attirant. »  »
Giles : « Qu’est-ce qui est le plus inaccessible aujourd’hui pour Alex ? »
Buffy : « Nina. »
Un instant de silence.
Buffy : « Il fonce droit au massacre ! »
Giles : « Il ne faut pas sauter aux conclusions ! »
Buffy : « Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? ? ? »
Giles se tourne vers Willow : « Regarde sur Internet si la disparition du jeune garçon à la décapotable jaune est signalée. »
Buffy : « Ca ne prouvera rien. Il est trop tôt pour que sa disparition soit sur les fichiers informatiques, surtout si ses parents sont habitués à ses frasques. Et il ne faut pas attendre pour passer à l’action ! »
Willow : « Alex va sillonner les routes toute la journée. Nous n’avons aucune chance de le retrouver. »
Buffy : « Nous savons qu’il va passer la soirée à essayer de retrouver Nina en faisant le tour des boites. »
Willow : « C’est complètement absurde ! Il y a tant de boites dans la région ! Il n’a aucune chance de la trouver ! En plus, il va rapidement se trouver à court d’argent puisqu’il a sacrifié ses économies ! »
Buffy répond d’un ton acide : « Nina, elle, saura très bien le trouver. »
Cordélia entre à cet instant dans la bibliothèque.
Buffy fonce vers elle et l’apostrophe : « Ce soir, il faut que tu nous amènes, Willow et moi, faire le tour des boites de la région!»
Cordélia reste bouche bée.
Buffy précise : « Des boites fréquentées par les minets friqués ! »
La mâchoire de Cordélia s’abaisse d’un cran sur sa poitrine.

Tard dans la nuit, Alex gare son bolide devant une boite d’où sort un groupe bruyant de jeunes gens. Sa quête s’est avérée infructueuse, et son tour des boites de la région a fait fondre son maigre pécule.
Assis dans la voiture, il sort de sa poche son argent et recompte avec inquiétude ce qui reste de ses économies.
« La dernière chance ! » dit Alex à haute voix.
« Comme dans les westerns ? » répond une voix en écho.
Alex tressaille et relève la tête brusquement. Une forme féminine est penchée sur la portière de la décapotable.
« Je m’appelle Nina ! »

Cordélia : « Les filles, je me demande comment vous m’avez convaincue de perdre ma soirée et une partie de ma nuit pour chercher ce looser d’Alex ! »
Epuisées par ce refrain qu’elles endurent depuis des heures, Buffy et Willow renoncent à discuter.
Cordélia : « De toute façon, cette boite est la dernière de la liste où trouver des gens fréquentables. Ensuite, il n’y a que des établissements de seconde zone. Ne comptez pas sur moi pour m’y compromettre ! »
Buffy, d’un ton acide : « On ne voudrait surtout pas de faire tomber de ton statut social ! »
Cordélia : « Tu ne peux pas comprendre, Buffy. Nous n’évoluons pas dans le même monde. »
Buffy se demande si Alex n’a pas raison de vouloir définitivement laisser tomber Cordélia. Après tout, subir ce genre de remarques tous les jours…  Mieux vaut la solitude !
Triple hurlement de Buffy, Willow et Cordélia !
« La voiture ! C’est lui ! C’est elle ! »
Le bolide est passé comme une flèche en sens inverse et a déjà disparu dans la nuit.
Cordélia tente de faire rapidement un demi-tour, et se lance à sa poursuite.
Au bout d’un long moment, il faut se rendre à l’évidence : « Raté ! Nous les avons perdus ! ! »
Après un instant de silence consterné, Buffy murmure : « Alex ! Attention à toi… »

Jamais Alex ne s’est senti aussi heureux. Il n’a pas bu mais il se sent porté par une sorte d’ivresse. L’ivresse de sentir le contact chaud de Nina à ses côtés...  L’ivresse de la vitesse qui les emporte dans la nuit…
Jamais il n’aurait cru que ce soit si facile : Nina qui vient simplement vers lui. Ils se parlent, ils plaisantent, ils dansent un instant, ils s’amusent.
Et puis Nina qui se dit fatiguée par le bruit, qui préfère dans cette moiteur orageuse le semblant de fraîcheur apportée par la vitesse dans la décapotable.
Et maintenant, justement : la vitesse.
La route est vide, et Alex se sent libre d’écraser l’accélérateur pour faire rugir le moteur et foncer, toujours foncer. Surtout depuis ce geste charmant et confiant de Nina : elle a posé sa tête sur ses genoux, allongée en travers des sièges. Toujours souriante, elle l’encourage à aller plus vite, toujours plus vite…
Avec un pincement au cœur, Alex appuie à fond sur l’accélérateur, pour sentir son pied buter à la fin de la course de la pédale. L’accélération qui le plaque contre son siège lui fait un creux au ventre.
Le flash puissant le laisse une fraction de seconde ébloui.
Alex relâche d’un coup la pédale de l’accélérateur et Nina est légèrement déséquilibrée.
« Tu ralentis ? »
Alex n’a pas besoin de répondre : les gouttes de pluies qui s’abattent lourdement le font à sa place. Il gare la voiture sur le bas-côté et entreprend de mettre en place la capote, sous le regard déçu de Nina.
« Fichu éclair ! Fichu orage ! »
Alex retourne dans la voiture. Il reste un instant là, sans démarrer, les mains sur le volant, à regarder les gouttes de pluies s’écraser sur le pare-brise. Se tournant vers Nina, il la contemple dans la douce pénombre de l’habitacle de la voiture. Il esquisse un geste tendre de sa main vers son visage. Nina se laisse faire…
Alex, dix-sept ans, enregistre en un instant et pour toute une vie le souvenir de cet instant : le visage de Nina, les courbes de Nina, l’odeur de la peau de Nina...

Buffy se réveille en sursaut. Elle met quelques instants à réaliser ce qu’elle fait là, seule dans l’obscurité, assise sur le divan du salon devant la TV. Elle fixe l’écran neigeux et écoute le bruit blanc des parasites du poste. Trouvant à tâtons la télécommande, elle éteint l’appareil, et se retrouve plongée dans le noir.
« Pas malin de m’endormir sur le divan. Pas malin de me réveiller au milieu de la nuit. »
Elle doit faire un effort pour se lever, atteindre l’escalier, et monter au premier étage. Elle appuie la paume de sa main contre la porte de sa chambre, mais elle reste dans le couloir, tous les sens en éveil.
Elle perçoit à travers le bois le petit bruit rythmé révélateur d’une grande intimité : lit qui grince et légers feulements.
Buffy pose la main sur la poignée, et, très lentement pour ne pas faire de bruit, elle entrouvre la porte.
Le son des petits cris étouffés se fait plus distinct, et elle hésite quelques secondes. Enfin, elle avance son visage vers l’ouverture : par la fenêtre, la lune éclaire l’intérieur de sa chambre presque comme en plein jour.
Buffy reste un long moment immobile, complètement fascinée par les mouvements des deux corps sur son lit.
Elle referme la porte en silence, et laisse échapper une profonde expiration.
Il y a comme une cassure et Buffy ouvre les yeux : la fin de son songe la ramène dans son lit, au pied duquel elle découvre sans vraiment de surprise Nina qui guette sa réaction.
Buffy : « J’ai vu Alex avec toi, en plein corps à corps dans ma chambre. »
Buffy s’arrête un instant et reprend d’un air outré : «  …dans MA chambre ! »
Nina s’amuse franchement : « Nous nous sommes quittés il y a quelques instants. Je me suis contentée de t’ouvrir la porte d’un rêve d’Alex pour te montrer à quel point il me désire.»
Buffy ne peut s’empêcher de laisser paraître son trouble devant ce viol de l’intimité la mieux cachée d’Alex.
Nina remarque bien sa réaction : « Tu sembles choquée...  Avec ton héroïsme à la Jeanne d’Arc, j’aurai dû me douter que je perturbais le cours virginal de tes rêveries, petite pucelle de Sunnydale ! »
Buffy : « Ho ! Mais je ne suis plus... »
Buffy s’interrompt brusquement, consciente d’en dire trop.
Nina la regarde en soulevant les sourcils, d’un air vivement intéressé.
Buffy : « Mais pourquoi je te parle de ça ? »
Elle se rend compte que par sa seule présence, Nina est capable de désarmer et de faire parler les personnes les plus rétives. Elle doit à tout prix résister à cette démone bien trop habile.
Buffy : « Parle-moi plutôt des types que tu séduis dans les boites branchées. Ne me dit pas que tu agis par amour du genre humain ! »
Nina : « Ne crois pas que je souhaite du mal à ces jeunes hommes. Que peuvent-ils espérer de mieux ? Ils gagnent la jeunesse éternelle et l’immortalité. Une immortalité passée en compagnie de l’être qu’ils désirent le plus au monde. »
Buffy : « Ils se font mener par leur désir. Pas de quoi aller bien loin. Mais toi, tu les emmènes trop loin ! »
Nina : « Même l’instant du ‘passage’, ils le désirent. Ils me racontent le vivre comme une ‘petite mort‘, dans tous les sens du terme. »
Buffy : « Tu joues sur une fascination malsaine ! »
Nina : « Oui, ce moment de plaisir les fascine. Ils sentent confusément tout le danger qu’il y a derrière leur désir. Ils découvrent aimer ce désir, et plus ce désir comporte de risques pour eux, plus ils ont envie d’atteindre leur plaisir. »
Buffy : « De toute façon, je ne crois pas qu’Alex soit jamais allé très loin avec une fille… »
Nina, avec un sourire malicieux : « Je lui apprendrai…  tout ce qu’un garçon doit savoir ! »
Un instant de silence.
Nina : « Je t’ai dévoilé tout mon mystère. »
Buffy : « Un désir sans amour : c’est le seul mystère que tu inspires. Alex est fou de désir, mais il n’y a rien d’autre. S’il connaissait ta vraie nature… »
Nina : « Regarde. »
Buffy se retrouve debout près de son propre lit. Nina et Alex sont allongés sur le côté l’un face à l’autre. Leur étreinte est terminée, et tout est calme dans la pénombre. Nina semble dormir et sa poitrine se soulève doucement. Alex est réveillé, les yeux grands ouverts et contemple Nina.
La mâchoire inférieure de Nina bouge doucement. Lentement, ces mouvements prennent de l’amplitude. Nina respire avec plus de difficulté, et son larynx a un mouvement convulsif. Brusquement sa mâchoire plonge vers le bas, exagérément vers le bas, distordant sa bouche en une grimace grotesque.
Une langue énorme sort de sa bouche et se déroule lentement, une langue bifide de serpent…
Cette langue s’étire jusqu’à atteindre la longueur du bras d’Alex. Une langue qui se tortille, comme animée d’une vie propre, alors que Nina dort toujours.
Enfin, l’appendice monstrueux se retire, reprend son emplacement dans le larynx de Nina, qui referme enfin cette terrible bouche.
Alex sourit : il n’a pas cessé de regarder Nina avec tendresse !
Le songe se dissipe et Buffy se retrouve sur son lit.
Nina n’a pas le temps de lever les yeux que Buffy s’est détendue comme un ressort, plongeant sur elle et l’attrapant aux épaules. Les deux filles basculent du lit et chutent par terre.
Buffy immobilise Nina aux poignets : « Tu ne croyais quand même pas que j’allais marcher ? »
D’une ruade puissante, Nina se débarrasse de Buffy qui roule par-dessus elle. « Tu ne croyais quand même pas m’attraper aussi facilement ? »
Se relevant, chacune regarde l’autre avec méfiance. Buffy a été surprise par la force de son adversaire.
Les deux adversaires se toisent.
Buffy : « Ta démonstration par songe interposé ne m’a pas convaincue ! »
Nina a pris un visage figé par la tension : « J’ai besoin d’Alex. Laisse-le choisir sa voie. »
Buffy : « Une amie t’a comparée à un serpent. Ta langue est-elle aussi venimeuse que les visions que tu projettes  ? »
Nina se contente de sourire, et recule doucement vers la fenêtre : « Tu verras demain… Fait de beaux rêves ma petite. »
Lorsque Nina, plus tard, repensera à cette scène, elle ne comprendra toujours pas comment Buffy a pu faire.
Un simple battement de cils, c’est tout ce que Nina s’était autorisée.
Un simple battement de cils et elle s’est retrouvée bousculée, projetée en arrière, une main de Buffy lui broyant la gorge, alors qu’elle l’immobilisait sous ses jambes.
Et Buffy, triomphante, lui lançant : « Aucun serpent n’est aussi rapide qu’une tueuse ! »
Agrippant Buffy à la ceinture pour la déséquilibrer d’un mouvement sec, Nina se dégage et se précipite vers la fenêtre pour l’enjamber prestement. Elle se glisse au-dehors et disparaît dans la nuit.
Buffy se penche par la fenêtre et observe songeuse la lune énorme qui éclaire la nuit.
« Nina sème pendant la nuit. Elle compte bien récolter durant le jour. Prend garde à toi, Alex ! »

Buffy est profondément troublée lorsqu’elle émerge de son sommeil. Elle met un moment à comprendre ce qu’elle fait assise en pyjama bleu sale trop ample sur un fauteuil métallique couvert de plastique gris. Elle regarde autour d’elle d’un air ébahi : elle se trouve dans une chambre propre mais d’apparence très austère, et même franchement clinique.
Elle est surprise de constater qu’elle partage cette chambre avec une espèce de femme bagnard, qui la considère avec stupéfaction.
En y regardant à deux fois, elle s’aperçoit avec horreur que la bagnarde n’est autre que son reflet dans un miroir !
Buffy se lève et s’approche du miroir pour s’examiner de plus prés. Ses cheveux sont coupés très courts, comme un vrai militaire. Ses traits se sont accusés et ses pommettes sont saillantes, signe qu’elle a considérablement maigri. Ses traits sont tirés, et elle a de profondes cernes sous ses yeux injectés de sang.
Buffy, choquée par ses métamorphoses, regagne son fauteuil. Comme elle s’assoit, la porte s’ouvre d’un coup. Buffy note qu’il n’y a pas de serrure : n’importe qui peut entrer à tout moment et l’infirmière qui vient de faire irruption ne s’est pas donnée la peine de frapper.
Buffy a un mouvement de panique en apercevant l’uniforme de l’infirmière, mais elle arrive à se maîtriser. Depuis la mort de sa cousine Celia, elle est phobique des hôpitaux.
« Vous pouvez entrer » dit l’infirmière qui s’efface, alors que la mère de Buffy entre dans la pièce.
Joyce : « Ma petite fille... Comment te sens-tu ? »
Buffy : « Je... Je suis malade ? »
Joyce désigne d’un air las le tas de médicaments sur la table de chevet : « Tu progresses, mais il faut bien suivre ton traitement pour vaincre ta schizophrénie... »
Cherchant à reprendre ses esprits, Buffy demande à sa mère : « Comment suis-je arrivée ici ? »
Joyce : « Heureusement, Ted s’est occupé de tout...  Depuis le début de tes crises, jusqu’à ton internement... Il a été merveilleux... »
Buffy : « Ted ? Ton petit copain ? Mais je l’ai déjà tué deux fois ! »
Buffy s’interrompt en voyant la déception se peindre sur le visage de sa mère.
Joyce : « Je voudrais tant que tu ailles mieux...  Si seulement tu pouvais être calme lorsqu’il arrivera... »
Buffy remarque alors le ventre rebondi de sa mère : « C’est... C’est un ...  ? ? ? »
Joyce : « C’est le fils de Ted. Ton petit frère naîtra dans quelques mois.... ». Un sourire éclaire le visage de Joyce à cette pensée : « Je vais enfin reformer une vraie famille...   Je suis si heureuse à cette idée..    J’espère que tu ne nous gêneras pas trop ! »
Sans transition, Buffy se retrouve dans sa chambre...  Sa vraie chambre...  Elle bondit sur ses pieds et se retrouve debout sur son lit dans l’obscurité. Faisant le geste d’étrangler quelqu’un dans le noir, elle crache : « Nina  ! ! ! Quand j’en aurai fini avec toi, ta propre mère ne pourra pas te reconnaître ! »

UN JOUR AVANT L’ECLIPSE.
En ce début de matinée, Buffy, Willow, Cordélia et Giles sont dans la bibliothèque de la Sunnydale High School.
Buffy : « Ces cauchemars me rendent folle ! Giles : vous ne connaissez pas une incantation ou un filtre qui me mettrait à l’abri de l’influence de Nina ? »
Giles répond par un geste de dénégation.
Buffy : « Ou alors quelque chose qui m’empêcherait de rêver ? »
Giles hésite un instant : « Oui, c’est possible...  Mais tu perdrais définitivement toute aptitude à rêver ! »
Buffy, pleine d’espoir : « Plus de songe, mais plus de cauchemar ! »
Giles, les yeux mi-clos, à la recherche d’une citation : « Enfants sans rêves, vivants sans vivre... »
Buffy se rembrunit : « Je vois...  Le prix à payer serait terrible... ».
Willow intervient à contretemps en murmurant : « Douglas Coupland... »
Buffy lui lance un regard montrant que le moment n’est pas opportun pour étaler sa culture.
Willow change donc de sujet : « Alex n’est pas venu en cours ce matin. »
Buffy : « Je suis passé devant chez lui ce matin. J’ai repéré sa fichue voiture de macho planquée loin de sa maison. Je n’ai pas voulu aller le voir, mais il a dû passer très près de la catastrophe entre les griffes de Nina. »
Giles et Willow échangent un regard interrogateur.
Buffy : « Alex doit prendre conscience de la nature du danger que représente Nina. Il faut l’aider à surmonter son aveuglement. Existe-t-il des démons femelles qui ressembleraient à Nina ? »
Giles : «  Hé bien, il y a Lilith, présente dès la mythologie babylonienne et qui fut d’après la tradition kabbalistique la séductrice d’Adam avant l’apparition d’Eve. De leur union seraient nés les mauvais esprits et les premiers vampires. »
Cordélia : « Lilith, la première femme d’Adam, s’intéresserait à Alex ? Pas mal pour un looser ! »
Giles : « Nina pourrait aussi s’apparenter aux succubes, apparus dans le folklore médiéval européen. Elles prennent une forme humaine pour…  ahem… se glisser dans le lit des hommes pendant leur sommeil et donner naissance à des démons et à des sorcières. Je pense aussi à Phoebe ou Séléné, déesse de la lune dans la mythologie grecque, puisque Nina semble liée à notre satellite. Séléné s'éprit du jeune et beau berger Endymion, qu'elle plongea dans un sommeil éternel pour qu'il ne la quitte jamais.»
Buffy : « Il y a bien quelque chose d’une succube et de Phoebe en Nina, mais ce n’est pas elle. »
Giles : « Non car d’après ton premier rêve, elle présenterait un caractère très novateur : son lien avec la vitesse, qui lui permet de dominer les jeunes hommes qu’elle séduit. La vitesse est un plaisir très récent, inconnu de nos aïeux. C’est peut-être même l’unique plaisir totalement nouveau inventé par la technologie moderne. »
Buffy : « Sûr que le démon de la vitesse ne devait pas être très puissant à l’époque des chars à bœufs. »
Giles : « Pour cette raison, je pense que si Nina est un démon femelle, elle doit être très jeune, et peut ne pas être répertoriée. Mais ce n’est qu’une hypothèse, et nous n’avons pas de preuve formelle de la nature démoniaque de Nina. »
Willow : « Chouette ! On est en train de découvrir une nouvelle espèce ? »
Buffy lance un regard désapprobateur à Willow.
Buffy : « Joli papillon pour ta collection : une succube issu des amours de Lilith, de Phoebe et du démon de la vitesse ! Fétichiste des bagnoles et légèrement portée sur les gigolos ! »
Giles : « Mais à quoi ressemble cette jeune personne ? »
Willow : « Elle est…  elle est trop ! »
Giles «  Hem… Peux-tu entrer dans les détails ? »
Willow : « Elle a la peau trop blanche, les cheveux trop noirs, les lèvres trop rouges… »
Buffy : « Ouais. C’est Blanche Neige quoi ! »
Giles soulève un sourcil réprobateur.
Buffy : « Bon, alors plutôt Cruella ! »
Willow : « Cruella n’attire pas les garçons… »
Buffy : « Alors que cette fille est une usine à phéromones ! »
Restée silencieuse dans son coin, mais attentive aux débats, Cordélia fronce les sourcils.
Giles : « Elle peut être belle comme cette fille qui accompagne Alex ? »
Buffy se retourne d’un bloc : la vision de Nina entrant dans la bibliothèque au côté d’Alex la frappe comme une gifle.
En trois enjambées, elle est sur la jeune fille et, dans son élan, lui envoie un coup de poing en plein visage. Sous la violence du choc, la jeune fille est projetée contre un mur, et elle s’affaisse par terre.
Alex se met à hurler : « Arrête ! » Il se jette sur Buffy, qui avance vers Nina, et tente de la maîtriser en lui bloquant le bras. Buffy se dégage avec vigueur, et replie un bras, le poing fermé, prête à boxer Alex.
Celui-ci lui dit d’une voix blanche et très basse : « Ne me frappe pas ! Ne fait pas cette erreur ! ».
Buffy, interloquée par le ton d’Alex, suspend son mouvement. Elle le contemple, puis s’aperçoit que Giles et Willow la regardent d’un air désapprobateur. Alex lui tourne le dos et  va aider Nina, assise contre le mur et choquée, à se relever. Elle saigne abondamment du nez. « Je t’amène à l’infirmerie. ».
Nina : « C’est la folle dont tu m’as parlé ? ».
Voyant Buffy rougir de colère sous l’insulte, Alex tente de changer de sujet : « Pour la sortie de ce soir, c’est raté. »
Nina : « Non, non, ça va...  Je mettrai une bonne couche de fond de teint, et on ne verra rien ! », dit-elle en souriant faiblement. Son courage semble la quitter lorsqu’elle regarde ses mains inondées de son propre sang. Une lueur de frayeur passe dans les yeux de Nina, qui devient très pâle, et fait craindre à Alex que la jeune fille ne tourne de l’œil.
Sans un regard pour Buffy, Alex conduit Nina hors de la bibliothèque en la soutenant, d’un geste très protecteur.
Buffy, Willow et Cordélia ne peuvent s’empêcher de tiquer en voyant Alex se donner le beau rôle, et jouer au chevalier servant.
Willow : « Pas vraiment l’allure d’un démon cette fille ! ».
Giles : « Buffy : c’est plutôt toi qui ressemblais à une furie ! ».
Buffy : « Mais ce n’est pas vrai ! Elle vous a tous ensorcelée ? ? ? ? »
Willow : « Tu t’es montrée très violente...  Regarde le sang de Nina par terre... «
Buffy : « Je n’ai jamais traité autrement les démons. »
Willow : « Tu as peut-être un peu vite tiré des conclusions sur cette fille. »
Buffy : « Faut pas intervertir les rôles ! C’est elle la méchante et c’est moi la gentille ! »
Giles, souriant de l’exaspération de Buffy : « Gare à la paranoïa, jeune tueuse. »
Buffy : « La parano, c’est ce qui me permet de survivre ! »
Giles : « Tu n’as que tes cauchemars pour prouver que cette fille est un démon, et des souvenirs dont tu dis toi-même qu’ils ne sont peut-être que des songes. »
Buffy : « Il y a cinq minutes, vous m’expliquiez que Nina est un hybride Lilith, succube et je ne sais plus quoi....  Vous êtes sous son influence, Giles ! D’ailleurs vous êtes tous sous son emprise ! Il faut que je lui explose le crâne, ou au moins que je l’éloigne, pour que cette manipulation cesse et que vous redeveniez normaux !»
Giles, outré par ce soupçon, prend une profonde inspiration : « Ecoute-moi... Prend le temps de réfléchir : es-tu vraiment sûre de ne pas te tromper sur elle ? »
Buffy fronce les sourcils, garde les yeux mi-clos un long moment.
Puis elle lance : « Je viens de réfléchir ! C’est décidé : je vais l’achever ! ! ! ! ». Avec une joie mauvaise, Buffy bondit hors de la bibliothèque ...
Elle se précipite dans les couloirs, bouscule les lycéens et fonce en direction de l’infirmerie où elle fait irruption.
L’infirmière le regarde, étonnée par la brutalité de cette intrusion. Elle tient un gros morceau de coton contre le nez de Nina qui est assise sur une chaise, le visage renversé. Le coton est largement imbibé de sang, qui semble continuer à couler abondamment. Alex se tient debout près de Nina, l’air préoccupé.
Buffy avance vers Nina avec détermination, malgré les regards désapprobateurs de l’infirmière et d’Alex.
« Buffy, qu’est-ce que vous faites ici ? »
Buffy, surprise, fait un demi-tour et se retrouve nez à nez avec le principal Snyder, qui est entré sur ses pas.
« Vous vous précipitez comme une folle dans l’infirmerie. Vous cherchez encore à tout casser ? Et vous mademoiselle, vous n’êtes pas une élève du lycée ? »
Nina : « Non. Alex tenait absolument à me faire visiter les lieux où il étudie. »
Snyder : « L’accès aux locaux est strictement interdit aux personnes extérieures au lycée. Que vous est-il arrivé ? »
Nina jette un coup d’œil furtif à Buffy qui pâlit, sentant se profiler son exclusion du collège pour violence et agression.
Nina : « Je me suis prise un battant de la porte de la bibliothèque en plein visage. »
Snyder : « Vous quitterez les lieux dès que vos soins seront terminés. Buffy : je vous ai posé une question. Que faites-vous ici au lieu d’être en cours ? »
Buffy, désarçonnée par le ton sec de Snyder, se trouble et ne sait que répondre.
Nina : « Buffy est une amie. Elle s’inquiète pour moi. »
Snyder : « Buffy et Alex, l’incident est clos. Sortez de l’infirmerie. Je vais m’assurer que vous regagnez bien votre salle de classe. »
Une fois dans le couloir, Snyder toise Buffy et Alex : « Cet incident sera marqué sur votre dossier. Si jamais les parents de cette jeune fille portent plainte contre la Sunnydale High School, je vous en tiendrai pour personnellement responsables. »
Snyder laisse passer un temps de silence pour bien appuyer sa menace : « Et si vos professeurs me signalent encore une absence ou même un simple retard, je me ferai une joie de vous sanctionner ! »

Une fois installés dans leur classe, Buffy et Alex ne cessent de se lancer des regards méfiants, sous le regard navré de Willow, alors que Cordélia, qui a également rejoint le cours, feint une profonde indifférence
Dès que la prof de math a le dos tourné, Buffy chuchote : « Tu es complètement fou ! Cette fille te mène par le bout du nez ! »
Alex se contente de hausser les épaules.
Buffy : « Tu as passé une partie de la nuit avec elle ? »
Alex : « Il faut te faire un compte-rendu ? »
Buffy : « Tu es allé jusqu’où avec Nina ? »
Alex : « Le sujet t’intéresse  ! ! ! »
Il semble plus amusé qu’irrité par la curiosité insistante de Buffy.
Buffy : « Hmmmm...  Tu es encore en vie ? Alors tu n’as pas dû aller plus loin qu’un flirt poussé ! »
Elle constate avec satisfaction la réaction agacée d’Alex. Elle se dit qu’elle n’est pas loin de la vérité.
Alex : « Qu’est-ce que tu as ? Une crise de jalousie ? Il est un peu tard, non ? »
Buffy feint d’ignorer  cette allusion aux deux moments où elle lui fit des avances très poussées : « Tu dérailles ! Elle est perverse et tu ne t’en rends pas compte ! »
Alex : « Perverse ? Elle aurait pu te faire exclure par Snyder, et elle a préféré te couvrir plutôt que se venger ! »
Buffy : « Inconscient ! Tu es inconscient ! A partir de maintenant, je ne te lâche plus d’une semelle ! Pas question que tu revois cette fille ! »
Alex : « Tu n’as pas à me dicter ma conduite ! »
Exaspéré, Alex a parlé si fort que la prof se retourne : « Alex, puisque vous souhaitez prendre la parole, je vous désigne volontaire pour résoudre ce petit exercice. »
Alex se lève, et gagne le tableau en traînant les pieds. Devant l’énoncé, il sèche lamentablement, malgré les efforts de Willow qui tente de lui souffler la réponse. Le voila qui préfère s’abîmer dans la contemplation de la fenêtre et de la cour, en bas de l’étage.
La prof commence à perdre patience : « Alex, si vous continuez à travailler comme ça, vous n’arriverez à rien ! A rien, je vous dis ! ! »
Ce pronostic semble sortir Alex de sa torpeur. Il aperçoit Cordélia qui jubile d’une joie malsaine devant ce diagnostic de la prof qui confirme le sien. Il semble réellement ébranlé : « A rien ? »
La prof : « Mais oui, à rien ! ! ! «
Alex : « Ha. » Un temps de silence. « Bon. »
Sans dire un mot, Alex se tourne, ouvre la fenêtre, enjambe le bord et saute dans le vide.
La prof pousse un hurlement hystérique.
Après une seconde de stupéfaction, les élèves se précipitent aux fenêtres.
Buffy voit Alex, un étage plus bas, se relever avec difficulté. Apercevant les élèves massés aux fenêtres, il s’incline d’un geste ample style « L’artiste vous salut bien ». Puis il se met à courir pour s’enfuir de l’école.
« Il m’échappe... » murmure Buffy.

Pendant la pose de midi, Buffy et Willow se retrouvent dans la bibliothèque.
Buffy : « A mon avis, Alex est hypersensible aux phéromones que cette fille dégage. Ca bouleverse son équilibre hormonal ! Il ruisselle de testostérone ! »
Willow ne peut résister au plaisir de disséquer le comportement d’Alex : « Biologiquement, tu as peut-être raison. Mais psychologiquement, je dirais qu’il cherche à se revaloriser à ses propres yeux pour oublier le mépris dont Cordélia l’accable, et l’échec de leur relation. Alex a coeur de se prouver à lui-même et aux autres à quel point il peut être exceptionnel. Nina est pour lui un phantasme vivant, et l’intérêt qu’elle lui manifeste lui fait vivre un vrai rêve éveillé. Comme Cordélia l’a cruellement rabaissé, son comportement…  «
Buffy, cassante : « Il ne peut pas faire comme les autres adolescents ? »
Willow lance à Buffy un regard interrogateur.
Buffy : «  … et se contenter de se faire une petite griffe ? »
Willow : « BUFFY ! ! ! »
Willow prend une expression horrifiée, se lève en se bouchant les oreilles, et sort en courant de la bibliothèque.
Buffy se prend la tête à deux mains, puis s’affale sur la table.
Buffy : « Le bouquet ! J’arrive même à faire fuir Willow ! »
Willow, dans le couloir ralentit le pas, puis s’isole dans les toilettes des filles. Elle marche nerveusement de long en large : « Buffy est épuisée et elle tient à peine debout. En plus, elle raconte des bêtises sur Alex ! Mais si Nina est aussi dangereuse qu’elle le dit...  Si elle part au combat dans cet état...  Elle va se faire massacrer ! Même moi, je pourrai la renverser d’une main. »
Willow s’arrête et porte la main à sa bouche. « Je peux l’aider. Si je ne le fais pas, ce sera sa dernière mission. »
Willow ouvre le robinet d’un lavabo et regarde l’eau couler.
« Je vais faire une bêtise. C’est contre mes convictions. »
Elle passe une main sous l’eau et la porte à ses yeux..
« Je suis son amie. Je dois croire en la conviction de Buffy sur Nina. Et je dois préserver Buffy. Tant pis pour les principes. »
Willow ferme le robinet et sort des toilettes d’un air décidé : « Je vais le faire, je le fais, je le fais… »

En cours de journée, Willow revient dans la bibliothèque. Elle s’assied d’un air résolu à la table où Buffy se trouve accoudée, la tête entre les mains, dans une attitude prostrée.
Buffy lève les yeux vers Willow, face à elle. Celle-ci, sans un mot, tire de sa poche un flacon en verre qu’elle pose fermement sur la table en faisant résonner le bois.
Buffy fixe l’objet sans comprendre : le flacon est plein de cachets blancs.
Elle lance un regard interrogateur vers Willow, qui reste très sérieuse, voire figée tant elle se tient droite.
Willow : « Tu auras besoin de ça pour tenir dans le dernier round. »
Buffy regarde à nouveau le flacon avec un peu de frayeur.
Buffy : « Des amphétamines ? »
Willow : « Plus récent. Plus puissant. Tu es complètement à bout de forces. Si tu ne prends pas de stimulant, tu vas te faire massacrer. »
Buffy : « Tu me proposes de la dope ? Tu sais que je n’aime pas ces trucs chimiques. ! Tu me surprends et tu me déçois ! »
Willow : « Je préfère faire mon deuil de certains principes, plutôt que de porter TON deuil ! »
Buffy accuse sévèrement le coup. Elle prend le flacon dans sa main, mais elle hésite encore.
En levant les yeux vers Willow : « Comment tu t’es procurée ce truc ? »
Willow : « « Il y a beaucoup de petits trafics sur le Net. J’ai contacté un étudiant en pharmacie sur l’IRC. L’affaire a été vite faite. »
Buffy, alarmée : « Tu es allée voir un type qui trafique de la dope ? »
Willow : « En fait, j’ai appelé Max pour lui demander d’y aller. Je lui ai dit que j’avais besoin de ça pour passer les examens. Ca l’a beaucoup amusé ! »
Buffy : « Tu es vraiment déterminée ! ! ! »
Willow fronce les sourcils, pince les lèvres et prend un air buté : « Regarde mon célèbre air décidé ! »
Pas totalement convaincue, Buffy glisse le flacon dans sa poche : « J’aviserai au dernier moment si j’en prends. Le choix final m’appartient ! »
Willow : « Qu’est-ce que je pourrai faire d’autre pour t’aider ? Si nous étions croyantes, nous pourrions prier ! ! »
Buffy se met enfin à sourire : « Ca, je peux le faire ! ». Elle ferme les yeux et se concentre un instant.
Willow lui rappelle de ne pas oublier ses origines juives : « Fais dans l’œcuménique, si tu veux avoir mon approbation ! »
Le sourire de Buffy devient carnassier : « Dieu ! Donne-moi la force ! » Un temps de silence.
« La force de changer ce qui doit être changé.
D’accepter ce qui ne peut pas l’être.
Et d’enterrer le cadavre de Nina quand je l’aurai égorgée ! ! ! ! »

Buffy, Willow et Giles sont dans la bibliothèque.
Giles : « En définitive, tu as raison, Buffy. J’ai maintenant la conviction que Nina est effectivement un démon. »
Buffy : « Enfin ! Quel temps perdu ! Mais j’aurai le triomphe modeste ! Quels sont mes arguments qui vous ont convaincu ? »
Giles soulève les sourcils d’un air profondément étonné : « Aucun de tes arguments ! J’ai trouvé la solution dans mes chers livres comme d’habitude ! Un faisceau d’arguments convergents irréfutables ! »
Buffy laisse tomber ses épaules et soupire bruyamment pour exprimer sa lassitude.
Giles brandit un livre en faisant preuve d’une grande agitation : « Willow, tu es très forte en français, il me semble ? »
Buffy : « Si elle ne m’aidait pas, je serais bannie du cours de français. »
Giles : « J’ai trouvé dans cet ouvrage de précieuses et convaincantes informations sur Lilith. Je vous passe la démonstration pour sauter directement à la conclusion. Peux-tu nous traduire ce passage ? »
Willow prend le volume tendu par Giles et examine le titre : « L’art magique, Paris, 1957 ».
Sans hésitation, elle traduit à voix haute le texte : « Lilith est la faunesse nocturne qui séduisit Adam et engendra les créatures fantomatiques du désert, la nymphe vampirique de la curiosité, qui donne aux enfants des hommes le lait vénéneux des songes.»
Buffy : « Nina maîtrise parfaitement l’art d’inspirer des songes...  et des cauchemars ! !  ! »
Willow reprend sa lecture : « Lilith est associée à la lune noire, à l’ombre de l’inconscient, aux obscures pulsions. »
Buffy : « Qu’est-ce que la lune noire ? »
Willow : « L’éclipse de lune ? »
« Pas seulement » dit Giles en montrant un symbole sur une page.
Buffy : « On dirait un œil. »
Giles : « La lune noire a pour symbole l’œil de la licorne. Cet animal fabuleux représentait à la fois la fécondité spirituelle et la virginité physique. Transposée sur le plan…  ahem… charnel, elle exprime le désir contradictoire de l’enfantement sans défloraison… ahem…  ahem…  »
Buffy : « Tout le contraire de m…  Heu…  Je m’égare…  Mais quel rapport avec l’éclipse ? »
Giles : « La lune noire est l’aspect néfaste de la lune : symbole de l’anéantissement, des passions ténébreuses et malfaisantes, et des énergies hostiles à vaincre. Elle est toujours liée à des phénomènes extrêmes oscillant entre le refus et la fascination. S’il n’atteint pas l’absolu qu’il cherche éperdument, l’être marqué par la lune noire préfère renoncer au monde. »»
Buffy : « Alors, il va se passer des choses très graves si Alex, lors de l’éclipse, est sous le charme de Nina. »
Willow : « Mais dans le cas contraire, nous avons une chance de nous débarrasser de Nina à jamais. »
Giles : « Le caractère de Nina est très composite et instable. Je pense qu’il faut donner beaucoup d’importance à ses liens avec le serpent et la lune. Dans toutes les cultures, ces deux symboles sont liés à la fécondité féminine. Et notamment pour la lune aux cycles féminins… ahem… »
Buffy : « Mais quel est le sens de tout ceci ? »
Giles : « Je pense que Nina cherche à créer une nouvelle forme de démons. Elle chasse les jeunes hommes qui pourraient la féconder, et lui donner une progéniture conforme à ses vœux. Je crois aussi que le pic de son cycle de fertilité coïncide avec l’éclipse de lune. »
Un moment de consternation suit les paroles de Giles.
Buffy : « Alex met en danger toute l’humanité ! Mais pourquoi faut-il qu’il aille lutiner une démone nympho ? »
Giles : « Les démons n’ont pas arrêté leur évolution. Ils cherchent à s’affranchir de toutes les limitations à leur puissance. Ils ont encore besoin de se reproduire pour mélanger leurs pouvoirs, créer des synergies, faire naître le démon parfait, dégagé de toute contrainte. »
Willow : « Mais quel est le rôle d’Alex dans ses projets ? »
Giles : « Si Alex intéresse Nina, c’est qu’il peut contribuer à ses plans...   La vitesse : voilà la source de pouvoir que Nina cherche à renforcer dans sa progéniture. Elle se considère comme encore imparfaite et limitée. En se faisant féconder par de jeunes hommes fascinés par les voitures de sport, et qui font un lien symbolique entre ces bolides et leur sexualité, elle cherche à mettre au monde un démon de la vitesse ! »
Buffy : « Nina, je vais contrarier ta vocation de reine des termites ! »

Suite .....

 

 

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